Textes : Aurélie Pouchet. Plaquettes "Villes et Pays d'art et d'histoire" disponibles à l'office de tourisme de Châlons.
Les arts du cirque
Le cirque stable de Châlons-en-Champagne fait partie des rares établissements de ce type encore existants en France ; il est d’ailleurs inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1984. Avec son architecture typique de la fin du XIXe siècle, il abrite aujourd’hui une partie des locaux du Centre national des arts du cirque.
Les cirques stables
L’espace circassien
Bien que la représentation du cirque soit fortement ancrée dans l’imagerie populaire, la tradition circassienne est cependant récente : la piste apparaît vers 1750 en Angleterre, lorsque d’anciens militaires se mettent à exercer la voltige à cheval. Les cirques stables apparaissent ainsi en Europe au XIXe siècle, aux côtés des chapiteaux-tentes qui les remplaceront progressivement.
Les cirques stables en France
Il ne reste que peu de cirques stables aujourd’hui ; la plupart sont aujourd’hui des lieux de spectacles et il n’y a que celui de Châlons-en-Champagne qui accueille une école. On peut ainsi citer : le cirque d’hiver de Paris, Reims, Troyes, Amiens, Elbeuf-sur-Seine, Valenciennes et Douai.
Le projet Châlonnais
Des fonds privés
À Châlons, le projet de construction d’un cirque stable remonte à 1892. La conception de l’édifice est confiée à Louis Gillet, architecte départemental. Il faudra cependant attendre 1898 pour que les travaux débutent, les fonds privés ayant été difficilement rassemblés. En effet, le projet n’a pu voir le jour que grâce à la conviction de Châlonnais qui acceptaient d’investir dans la Société par actions alors créée.
Un cirque en béton
Si le cirque châlonnais prend largement modèle sur celui de Rouen (aujourd’hui détruit), l’architecte Gillet a cependant voulut innover en imposant sa construction en béton armé, procédé encore peu connu à la fin du XIXe. Il est ainsi fait appel à la société Hennebique qui dispose de nombreux brevets en la matière, mais la population reste peu convaincue de la solidité du matériau choisi…
Les débuts du cirque
Au début du XXe siècle…
Inauguré le 16 avril 1899, le cirque est, avec le théâtre municipal, une des plus belles et des plus spacieuses salles de spectacle de la ville : il peut recevoir 2 000 spectateurs – dont 400 en “première” – dans un espace lumineux et chauffé. Situé à proximité du Jard, il entre rapidement dans le quotidien des Châlonnais, notamment grâce à l’installation d’un café attenant.
Les compagnies itinérantes
À l’époque, les troupes itinérantes refusent pourtant presque systématiquement de se produire dans le cirque stable ; en effet, elles disposent presque toutes de chapiteaux démontables et préfèrent s’installer sur les grandes places publiques, telle l’Esplanade Valmy. La Société du cirque, qui perd ainsi sa principale source de revenus, devra louer les locaux à d’autres activités pour survivre.
Les premiers locataires
Le cinéma
Dès 1919, la piste est louée quatre jours par semaine et se transforme ainsi en cinéma. Face au succès, et à la rentabilité de cette location, la salle n’est plus réservée qu’à cette activité : le “Ciné Music Hall” est né et il ne ferme que trois jours par mois pour réparation, ainsi que pendant les quinze jours que dure la foire-exposition où il redevient une piste de cirque.
La salle annexe
Pendant les années 20, la salle annexe, au départ construite pour servir d’écuries, est utilisée pour les concours, distributions de prix, conférences et banquets : en effet, la Ville ne dispose alors pas de salle des fêtes (elle n’ouvrira qu’en 1935). Quelques sociétés sportives loueront également régulièrement la salle, tel le Skating Club Châlonnais qui l’occupait alors tous les mercredis.
Le cirque devient municipal
Guerres…
Le cirque ayant été privé de ses ressources pendant la 1ère Guerre mondiale – il était notamment occupé par un atelier de camouflage –, la Société exploitante va connaître de grandes difficultés: les locaux se dégradent, les programmations s’espacent, le public boude ce lieu qui nécessite d’importantes réparations. Finalement, la Société du cirque doit se dissoudre et l’établissement devient “municipal” le 1er janvier 1938. Mais la 2nde Guerre mondiale arrive et le cirque servira de lieu de stockage à l’Entraide française ; les Châlonnais allaient ainsi y chercher, entre autres, leurs masques à gaz. Le passage de camions à l’intérieur du bâtiment, tout comme le manque d’entretien, obligeront la Ville à y faire d’importants travaux à l’issue du conflit.
Les locataires du cirque
À peine les travaux sont-ils achevés que de nouveaux locataires arrivent dans le cirque. Le Club Olympique Châlonnais dispose ainsi de la piste, des couloirs et des cabines à usage de vestiaires. La Renaissance occupe quant à elle la salle annexe où elle fait installer des douches. Enfin, le cirque est loué occasionnellement pour l’organisation de rencontres sportives, de concerts et de spectacles.
Le cirque devient école
Le nouveau cirque
Dans les années 70, les arts du cirque connaissent un véritable renouveau : délaissant de plus en plus les animaux, une jeune génération d’artistes adopte des mises en scène contemporaines où la suite de performances fait place à une histoire ambiancée. Le Ministère de la Culture, nouvellement chargé du cirque (qui dépendait jusque là du Ministère de l’Agriculture), va vouloir accompagner cette évolution en créant une Ecole supérieure formant les artistes de demain.
Le CNAC
Le Centre national des arts du cirque ouvre ainsi à Châlons-en-Champagne en septembre 1985 dans l’ancien cirque municipal. La 1ère promotion en sortira en 1989, alors même que le 1er festival des arts de la rue – Furies – est lancé. La ville renoue ainsi avec la tradition circassienne qui est toujours au centre de bien des projets : restauration complète du cirque stable, extension des locaux de l’école, développement du pôle équestre, …