
LES PROBLEMES : Pourquoi et Comment ?
J'ai l'impression d'avoir toujours vu des problèmes d'échecs dans les quotidiens ou dans certains hebdomadaires ou mensuels.
Je ne comprenais pas comment on pouvait s'en sortir : pour moi, chaque pièce a de multiples solutions de mouvement et, aux échecs, on n'est pas obligé de prendre... alors comment être sûr de ce que l'autre va faire (et par la même, prévoir le prochain coup que l'on va jouer).
Tout ça me paraissait bien abstrait... mais aujourd'hui, c'est beaucoup plus clair pour moi !
J'ai listé les questions que je me suis posées, voici quelques pistes.
PROBLÈMES ? C'EST QUOI ?
Il s'agit d'un diagramme sur lequel une position est présentée. On donne la couleur qui a le trait (c'est donc à vous de jouer avec cette couleur). Le but est de trouver le meilleur coup (ou la meilleure succession de coups) à jouer.
QUEL "MEILLEUR" COUP ??
C'est là le soucis... on sait qu'il y a une solution, mais on ne dit pas en quoi elle consiste...
LE MAT EN 1
C’est le cas de figure le plus simple. Il s’agit de faire échec et mat en 1.
Cependant, pour un débutant comme moi, ce mat direct ne saute pas toujours aux yeux.
Commencer par vérifier s'il y a des échecs possibles dans le diagramme et voir si parmi eux se cache un mat direct est une bonne piste vers sa résolution.
Voici un mat en 1 relativement simple :
Voici un exemple un peu différent :
Le mat en 1 n'est peut-être pas le plus difficile à trouver, cependant, lorsqu'il y a beaucoup de pièces sur l'échiquier, cela peut dérouter le débutant.
De plus, quand il s'agit de problèmes, on SAIT qu'il y a quelque chose à trouver... mais en partie, si on ne pense pas à vérifier si un mat est présent, on risque parfois de passer à côté d'un succès offert !
LE MAT EN 2 ET PLUS
Certains problèmes mettent la barre un peu plus haut. Il ne s'agit pas de trouver un mat direct mais une succession de mouvements qui amènent le mat.
Généralement par une succession d'échecs avant de planter un mat de toute beauté (et, là encore, c'est facile à comprendre puisque le roi n'a pas d'autre choix que de bouger ou de se faire aider d'une autre pièce, qui s'interpose ou prend la pièce menaçante).
L'exemple suivant est parlant :
Attention quand même de ne pas se précipiter et jouer le premier échec venu sans avoir compris ce qui vient après (comme quand j'ai tenté un échec ridicule en jouant Cf7?? en me disant que j'avais trouvé l'échec et qu'on verrai bien après).
Pour résoudre le problème efficacement, il faut arriver mentalement au bout du problème avant d'avoir déplacé la première pièce !
Plus facile à dire qu'à faire (pour un chessnoob comme moi), mais avec de l’entraînement, on s'aperçoit qu'une évolution (lente, certes) s'opère en nous.
Il devient alors envisageable de résoudre des mats en 2 ou en 3, mais pour ça, il faut calculer l'ensemble des échecs possible, et voir celui qui mène finalement au mat !
LE GAIN DE MATÉRIEL OBTENU APRÈS LA MISE EN ÉCHEC
En cherchant les échecs possibles, je me suis retrouvé dans des positions où je me suis dit : "OK, j'ai bien regardé, il n'y a ici qu'un échec possible, mais il est directement contré et du coup, je ne vais pas pouvoir mater (et à la limite, si j'essaie de poursuivre avec les échecs, je vais me faire manger)".
C'était parce que je n'avais pas vu que cet échec obligeait le roi à se défendre et laissait en prise une pièce lourde qui ne peut pas se défendre (puisque le roi est occupé à se sortir de l'échec) et sera engloutie au coup suivant.
Le but ici était de nous faire trouver comment gagner du matériel et non pas de faire mat !
A nous d'ouvrir les yeux en vérifiant toutes les possibilités et comprendre où le rédacteur du problème veut nous amener.
En partie, on ne va pas nécessairement mater à deux ou trois coups du début de la partie.
Par contre, mettre l'autre en échec pour ensuite gagner du matériel n'est pas rare.
Là encore, la résolution de problèmes va nous aider à repérer plus facilement cette possibilité lorsqu'elle se présentera.
Attention, le gain matériel peut, en fonction de la difficulté, intervenir après un nombre de coups plus ou moins important. A nous de nous entraîner pour augmenter notre puissance de calcul et ne plus les louper.
Voici un exemple un peu plus compliqué et où la mise en échec n'intervient que dans un second temps.
LE GAIN DE MATÉRIEL SANS PASSER PAR L’ÉCHEC
Certaines positions ne semblent pas permettre de mettre le roi en échec et ne semble pas non plus pouvoir permettre de mater.
Les problèmes les plus simples de ce type, ne demandent parfois rien d'autre que de voir s'il y a sur l'échiquier, une pièce non protégée, qui ne demande qu'à être prise.
Voici un problème simple :
Une position un rien plus complexe menant à un gain matériel
Ces quelques pistes vont donc vous permettre de démarrer la résolution des problèmes et d'y prendre goût.
Plus on en fait et plus on se met en tête des cas de figure qui reviennent souvent (tant en partie que dans les propositions de problèmes).
Plus on avance et plus on prend plaisir à se faire mettre en difficulté par le diagramme.
En cas de problème loupé (je suis parfois bien content d'en trouver un sur trois, voire moins), on s'étonne des possibilités qu'il était possible d'obtenir si on avait calculé plus loin.
Ne pas se diriger trop vite vers la solution me parait être un bon conseil : c'est en planchant longtemps sur un problème qu'on l'imprime dans son esprit !
LES AUTRES THÈMES TACTIQUES
Les thèmes tactiques que l'on nous propose de travailler dans les problèmes ne s'arrêtent pas aux exemples ci-dessus.
Il peut s'agir de promouvoir un pion, trouver la meilleure défense lorsqu'une de nos pièces est attaquée ou encore la recherche d'un pat.
Voici un article qui détaille 38 motifs tactiques développés dans les problèmes :
https://www.chess.com/article/view/chess-tactics
Chess.com, dans sa section problème, permet de les travailler thème par thème, progressivement en fonction de son niveau.
THE WOODPECKER METHOD
Pour terminer de nous convaincre de l'utilité des problèmes, allons jeter un coup d’œil sur un livre très intéressant :
"The Woodpecker Method" par Axel Smith et Hans Tikkanen (Quality Chess).
Les auteurs décrivent une méthode permettant d'améliorer son niveau aux échecs.
Le principe consiste à se "fabriquer" une base de données de quelques centaines de problèmes (traitant de tous les thèmes tactiques) et de les résoudre en une traite.
On note son résultat et le temps mis pour résoudre ces problèmes.
On répète ensuite cette opération - avec la même grosse série de problèmes - à intervalle régulier en essayant d'améliorer et le score et le temps nécessaire à la résolution des problèmes.
Ici, le postulat de base des auteurs est que la répétition des mêmes patterns va entraîner notre cerveau à les reconnaître au moment où ils se présenteront et va améliorer notre "instinct" face à une situation donnée.
Une fois la série de problèmes maîtrisée, on passe à une autre (en augmentant la difficulté). Cet entraînement nécessite du temps car pour être efficace, chaque série doit contenir quelques centaines de puzzle et le livre en propose plus de 1128.
Même s'il ne partait pas du statut de "Chessnoob", l'auteur aurait utilisé cette méthode lorsqu'il cherchait à obtenir (avec succès) son titre de Grand Maître.
Les séries les plus difficiles du livre ne semble pas s'adresser aux débutants, mais rien n'empêche celui qu'une telle méthode séduirait, de constituer ses propres séries adaptées à son niveau et de s'entrainer selon les conseils du livre.
Cette méthode est exigeante, mais on n'arrive à rien sans efforts.
Maintenant que je n'ai plus peur d'aborder les problèmes et que je possède quelques pistes pour les résoudre, je prends beaucoup de plaisir dans la section "Problèmes" de Chess.com !
Gageons que le temps que j'y consacre va me permettre de faire évoluer mon niveau.
A bientôt pour de nouvelles aventures.