
Marcel Duchamp, joueur d'échecs
Marcel Duchamp, né le 28 juillet 1887 à Blainville-Crevon et mort le 2 octobre 1968 à Neuilly-sur-Seine, est un peintre, plasticien, homme de lettres français et joueur d'échecs, naturalisé américain en 1955.
Depuis les années 1960, il est considéré par de nombreux critiques et historiens de l'art comme un artiste majeur du XXe siècle. Déjà, André Breton le qualifiait d'« homme le plus intelligent du siècle ». Grâce à son invention des ready-mades notamment, son travail et son attitude artistique continuent d'exercer une influence majeure sur les différents courants de l'art contemporain.
Rare artiste n'appartenant à aucun courant artistique précis, Marcel Duchamp a un style unique. Cassant les codes artistiques et esthétiques alors en vigueur, il est vu comme le précurseur et l'annonciateur de certains aspects les plus radicaux de l’évolution de l'art depuis 1945. Les protagonistes de l'art minimal, de l'art conceptuel et de l'art corporel, dans leur inspiration, leur démarche artistique et idéologique, témoignent de l'influence déterminante de l’œuvre de Duchamp. Il aurait également été, d'après les nombreux essais qui lui sont consacrés, l'inspirateur d'autres courants artistiques dont le pop art, le néodadaïsme, l'art optique et le cinétisme.
Marcel Duchamp - The Chess Game (1910)
Divertissement familial, pose parfaite de joueurs immobiles, géométrie cubiste à déconstruire, le jeu d’échecs est, dans les premières années du parcours de Marcel Duchamp, une activité et un thème pictural essentiels qui se prêtent aux variations multiples de l’artiste joueur. Au coup par coup, Duchamp traverse les styles et reconfigure l’échiquier : d’objet discrètement placé derrière le service à thé familial dans La Partie d’échecs (1910), l’échiquier devient système de lignes de force dans Portrait des joueurs d’échecs (1911), puis géométrie cubiste en mouvement dans Le Roi et la reine entourés de nus vites (1912). À partir des années 1920 cependant, l’intrusion méthodique de la pratique du jeu dans le quotidien de Duchamp semble progressivement reléguer la production artistique à l’arrière-plan, comme en témoignent les premières lignes de cette lettre adressée aux sœurs Stettheimer :
Il y a longtemps que je voulais vous écrire. Mais je n’en ai pas eu le temps : mon attention est si complètement absorbée par les échecs. Je joue nuit et jour et rien au monde ne m’intéresse davantage que de trouver le coup juste… J’aime de moins en moins peindre.
À cette période, le rapport de Duchamp aux échecs va bien au-delà du simple amateurisme : adepte quotidien de différents clubs d’échecs, Duchamp est proclamé Maître de la Fédération française des échecs en 1925, il représente la France aux Olympiades et remporte plusieurs tournois sur la scène nationale et internationale…
Marcel Duchamp a consacré beaucoup de temps à l’apprentissage du jeu. Il était attiré par les théories « hypermodernes » et réalisa dans cet esprit une miniature contre le futur Grand-Maître Koltanovsky qui jouait sous les couleurs de la Belgique. Sa seule victoire, devenue d’anthologie dans le tournoi, et une nulle contre le vainqueur Tartakover. Duchamp répéta l’exploit contre Miss Menchik, championne du monde. Il encaissa 8 défaites qui l’inciteront, peu à peu, à renoncer à participer dans les tournois de haut niveau. Pourtant, ce n’était pas ses qualités de joueur, ses connaissances théoriques qui lui firent défaut, mais plutôt celles que nécessite la compétition, le self-contrôle, l’endurance du combattant. Duchamp cherchait souvent des conclusions rapides par des moyens tactiques précipités.

Sources :
-> Chessgames.com
-> Wikipedia
-> Cairn.info