Les plus grands joueurs d’échecs du monde

GM David Bronstein

David Bronstein
Nom complet
David Bronstein
Vie
Feb 19, 1924 - Dec 5, 2006 (âge 82)‎
Lieu de naissance
Bila Tserkva, République socialiste d'Ukraine, Union soviétique
Fédération
Ukraine

Bio

Jeunesse et début de carrière

David Bronstein naît en 1924 à Bila Tserkva, non loin de Kiev, la capitale de l'Ukraine. Il apprend à jouer aux échecs à l'âge de six ans. En moins de dix ans, il va devenir l'un des meilleurs joueurs d'Ukraine, se plaçant second au championnat national en 1940 derrière Isaac Boleslavsky. Une performance qui lui vaudra le titre de maître soviétique.

A cause de la seconde guerre mondiale, Le jeune David ne pourra pas participer au championnat soviétique avant 1944. Pour sa première apparition, bien qu'il ne se classe que 15ème sur 17 participants, il crée l'exploit en remportant sa partie face au futur vainqueur Mikhail Botvinnik. C'est la première fois que les deux hommes se rencontrent autour d'un échiquier, mais certainement pas la dernière...

Au championnat soviétique 1945, Bronstein émerge de façon spectaculaire au plus haut niveau et termine en troisième place. En 1948 et 1949, il partage la première place. Entre temps, il remporte le tournoi interzonal de 1948 en Suède et se qualifie pour le tournoi des Candidats 1950...

Le championnat du monde 1951

En 1951, Bronstein ne termine qu'à une petite partie nulle du titre mondial...

Tout commence au tournoi des Candidats 1950, où il entame la dernière ronde à un demi-point de Boleslavsky, qui signe rapidement la nulle avec son adversaire. La victoire de Bronstein face à Paul Keres (ci-dessous) force les deux joueurs à s'affronter au cours d'un départage-marathon en douze parties pour avoir le droit d'affronter Botvinnik pour le titre mondial...

A l'issue de ces douze parties, malgré deux victoires chacun, les deux hommes ne sont pas parvenu à se départager. Commence alors la phase de mort subite. La treizième partie est une nulle. Dans la quatorzième, Bronstein joue la française et Boleslavsky propose la variante Winaver. En 29 coups seulement, David Bronstein, 27 ans, remporte le match et se rapproche plus que jamais du titre mondial.

Bronstein se présente pour le match ultime après avoir terminé premier ex-aequo du tournoi des Candidats et annulé le match de départage initial de douze parties. En revanche, au championnat du monde, une égalité ne suffit pas : en cas de match nul, il est convenu que Botvinnik conservera son titre.

C'est l'ukrainien qui frappe le premier en remportant la cinquième partie (voir ci-dessous). Hélas, il s'incline dans les deux parties suivantes, notamment à cause d'une gaffe monumentale en finale dans la sixième. Il revient ensuite au score dans la onzième mais perd à nouveau juste après. Nous sommes alors à la moitié du match, et il est mené d'un point (+2 -3 =7).

Le chassé-croisé continue dans la seconde partie du match : Bronstein égalise dans la dix-septième, mais perd à nouveau dans la dix-neuvième. Cependant, deux victoires consécutives dans les 21ème et 22ème parties le replacent en tête du match. Il n'a alors plus besoin que de deux nulles pour devenir champion du monde. Sa victoire contre la défense hollandaise de Botvinnik dans la 22ème est particulièrement impressionnante :

Hélas, l'histoire se répète, et Bronstein perd la ronde suivante. Il doit donc absolument remporter la toute dernière partie. Mais Botvinnik force la nulle en 22 coups et conserve son titre mondial.

Il est à noter que le tournoi des Candidats 1950 et le championnat du monde 1951 ont été sujets à controverse, en particulier à cause de soupçons de parties arrangées. Rien ne fut cependant prouvé. Bronstein déclarera plus tard que le titre de champion du monde ne l'intéressait pas, et qu'il préférait laisser les obligations politiques qui l'accompagnait à Botvinnik.

Quoi qu'il ait pu se produire dans la coulisse, Bronstein reste le joueur à avoir raté le titre mondial par la plus petite des marges.

Après le match

Bronstein jouera encore deux tournois des Candidats, en 1953 et 1956 (qualifié d'office la première fois et via l'interzonal 1955 la seconde), mais il ne pourra rien faire contre Vassily Smyslov. En 53, il termine deuxième et en 56, troisième ex-æquo. A chaque fois, il échoue à deux points de Smyslov.

Bien qu'il ne soit alors âgé que de 32 ans, on ne reverra jamais Bronstein au tournoi des Candidats. Il terminera à un demi-point des places qualificatives à l'interzonal de 1958 et ne participera pas en 1961.

David Bronstein
Bronstein en pleine action durant l'interzonal de 1964. Photo : Wikimedia.

A l'interzonal d'Amesterdam, en 1964, il termine sixième, un classement censé lui ouvrir les portes du tournoi des Candidats 1965. Cependant, il n'est que cinquième meilleur soviétique, et la FIDE limite alors à trois le nombre de joueurs d'une même fédération pouvant se qualifier. Il reste donc à quai.

On ne le reverra plus dans les tournois interzonaux jusqu'à un retour inattendu en 1973 à Petropolis (Brésil). Il y joue ce qui reste peut-être comme l'une des plus belles parties de sa carrière lorsqu'il sacrifie une tour et une qualité pour battre Ljubomir Ljubojevic.

Malgré cette belle victoire et un score positif (+7 -3 =7), il ne termine que sixième, loin des trois premières places qualificatives. Ce sera son dernier tournoi interzonal.

Si l'on excepte une petite pause au milieu des années 80, sans doute due à des causes politiques, il continuera à jouer en compétition jusqu'au milieu des années 90. Très indépendant idéologiquement, il refusera en 1976 de signer la lettre dénonçant la défection de Viktor Korchnoi. Une décision qui sonnera le glas de sa carrière internationale et le privera de son allocation d'état.

Contribution au jeu d'échecs

Bronstein fut en première ligne de la théorie des ouvertures, de la littérature échiquéenne, et de la réforme du contrôle de temps.

Son nom est intimement lié à au moins trois ouvertures : Le gambit du roi, la défense est-indienne et la Caro-Kann. Il fut l'un des grands avocats du gambit roi, qu'il jouait avec grand succès, remportant notamment trois parties au championnat d'URSS 1945. Il est également considéré comme celui ayant rendu son lustre d'antan à la défense est-indienne contre 1.d4. En outre, une variante assez populaire de la Caro-Kann porte son nom ainsi que celui de Bent Larsen (1. e4 c6 2. d4 d5 3. Nc3 dxe4 4. Nxe4 Nf6 5. Nxf6 gxf6).

Il a également écrit plusieurs livres restés célèbres, parmi lesquels L'art du combat aux échecs, un traité complet sur le tournoi des candidats 1953 publié en 1956 et traduit en français en 1986. Il est largement considéré comme l'un des meilleurs compte-rendus de tournoi jamais écrit. Il publie également en 1995 avec Tom Furstenberg L'apprenti sorcier, un recueil mêlant autobiographie et analyses de parties. Son lien avec la défense est-indienne est renforcé en 1999 lors de la parution d'un traité complet sur cette ouverture. Il tiendra également toute sa vie une rubrique dans le journal Izvestia.

Homme de science, Bronstein est aussi l'inventeur du célèbre contrôle de temps qui porte son nom. En outre, ses exploits contre l'intelligence artificielle sont notables : Dès 1963, il affronte des ordinateurs pour faire avancer la recherche !

Héritage

Dès que l'on parle du "meilleur joueur à n'avoir jamais été champion du monde", le nom de David Bronstein n'est jamais bien par loin. Il faut dire que son parcours parle pour lui : Trente ans au plus haut niveau (1945-1975 environ) et une défaite en match de championnat du monde par la plus infime des marges.

Cependant, son héritage va bien au-delà de ce match malheureux de 1951. Sa créativité offensive, ses exploits d'ouvertures, ses écrits et son indépendance d'esprit en font un personnage respecté et révéré par la communauté échiquéenne mondiale.

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