
Bobby Fischer le maitre ?
Robert James Fischer, dit Bobby Fischer, né le 9 mars 1943 à Chicago aux États-Unis et mort le 17 janvier 2008 à Reykjavik en Islande, est un joueur d'échecs américain, naturalisé islandais en 2005.
Champion des États-Unis à quatorze ans en 1957-1958, il devient en 1972 le onzième champion du monde en remportant, sur fond de guerre froide, le « match du siècle »note 1 à Reykjavik face au joueur soviétique Boris Spassky.
Fischer contribua de façon décisive, par ses revendications (parfois excessives) lors des tournois, à l'amélioration de la condition de joueur d'échecs professionnel, tant du point de vue financier que de l'organisation matérielle des tournois. Sa victoire sensationnelle en finale du championnat du monde d'échecs 1972, mettant un coup d'arrêt à la domination russe du jeu d'échecs depuis des décennies en fit une icône dans son pays, lui apportant la reconnaissance du public américain et la médiatisation à travers le monde, bien que plus tard il fît des déclarations controversées qui ternirent sa réputation.
Après s'être retiré de toutes les compétitions en 1972, il disputa en 1992, à Sveti Stefan et à Belgrade, pendant les guerres de Yougoslavie, un match revanche contre son adversaire de 1972, Boris Spassky, en violation de l'embargo proclamé par le département d'État américain. Menacé de poursuites par son pays, il termina sa vie en exil ; d'abord en Hongrie, puis au Japon, de janvier 2000 à mars 2005 et enfin en Islande, de 2005 à 2008. Il y multiplia les déclarations antisémites et anti-américaines
Famille
La mère de Bobby Fischer, Regina Wender (1913-1997), est une Américaine d'ascendance juive allemande. Née en Suisse1, elle fut éduquée à Saint-Louis (Missouri). En 1932, à 19 ans, diplômée du college, elle partit à Berlin pour retrouver son frère qui y était stationné en tant que marin de l’US Navy et elle fut recrutée comme secrétaire par le généticien américain Hermann Joseph Muller. En 19332, elle fit la connaissance de Hans Gerhardt Leibschner qui avait changé son nom en Fischer pour avoir un nom à consonance moins juive. Gerhardt Fischer, né à Berlin en 19091, était un biophysicien allemand et un assistant du professeur Muller. Le professeur encouragea Regina à poursuivre ses études et à le suivre à Léningrad où il avait un poste et à Moscou. En 1933, Regina et Gerhardt quittèrent l'Allemagne nazie et partirent à Moscou où ils se marièrent en octobre de cette année3 (ou en 19381). Regina Fischer devint étudiante de l'Institut de médecine de Moscou de 1933 à 1938. En 1939, pour fuir l'antisémitisme qui se développait en URSS3, Regina partit en France avec leur fille Joan née en 1938 puis elle alla aux États-Unis, mais sans son mari qui partit au Chili, son entrée sur le territoire des États-Unis lui étant refusée du fait de sa nationalité allemande4.
Lorsque Bobby Fischer naquit à Chicago en mars 19435, Gerhardt et Regina Fischer étaient séparés depuis 1939. Regina Fischer demanda le divorce en 19455, deux ans après la naissance de son fils, alors qu'elle habitait Moscow dans l'Idaho. Elle avait inscrit Gerhardt Fischer comme père de Robert James en dépit du fait qu'il n'avait jamais mis les pieds aux États-Unis. En 2002, une enquête menée par deux journalistes du Philadelphia Inquirer a montré que le père biologique de Fischer serait plutôt le physicien juif hongrois Paul Nemenyi (en) qui avait émigré aux États-Unis la même année que Regina Fischer en 1939. Quand le physicien participait au projet Manhattan en tant qu'ingénieur à Washington, le FBI soupçonna Nemenyi d'être communiste et Regina d'être une espionne russe6. En effet, Regina avait étudié à l'Institut de médecine de Moscou1, où elle avait passé cinq ans avant d'émigrer aux États-Unis après son mariage. Le FBI tint un dossier sur Regina. Elle avait fait la connaissance de Nemenyi au Colorado, en 1942, et, après la naissance de Bobby en mars 1943, le physicien lui envoya chaque mois une somme d'argent. Les versements continuèrent jusqu'à la mort de Nemenyi, en 1952.
Bobby ne vit jamais Gerhardt Fischer puisque ses parents étaient séparés à sa naissance selon le dossier que tenait le FBI2. Gerhardt ne pouvait venir aux États-Unis du fait de sa nationalité allemande7. Il s'installa au Chili où il se fit appeler Gerardo Fischer. Il n'envoya aucune pension pour aider sa femme et sa fille. En juillet 1958, inquiet pour son fils et sa fille qui étaient à Moscou tandis que la situation internationale était tendue, il écrivit à son ancienne femme lui demandant ce qu'elle comptait faire tandis qu'il n'avait pas de nouvelles8. En 1974, Gerardo, sa nouvelle femme et ses enfants furent brièvement emprisonnés en Amérique du Sud, du fait de leurs engagements politiques9. Libérés, ils partirent en France et Gerhardt demanda l'aide financière de son ancienne femme. Contacté, Bobby Fischer refusa alors d'aborder le sujet de son père10. En 1990, le champion américain vint en Europe et vécut plusieurs mois en Allemagne. Son père résidait à cette époque à Berlin mais Bobby Fischer ne le rencontra pas11.
Enfance et études
Pendant et après la Seconde Guerre mondiale, Regina vivait seule avec ses enfants. Elle changea souvent de résidence pour trouver un emploi et exerça plusieurs métiers, dont celui de soudeuse dans les chantiers navals de Portland dans l'Oregon1. En 1948, Regina, qui avait trouvé un emploi d'institutrice, et ses deux enfants déménagèrent d'abord dans le sud de Los Angeles, puis à Phoenix1 et à Mobile dans l'Arizona12, une ville isolée au milieu du désert. C'est la mère de Bobby qui s'occupait de son éducation et de celle de Joan, son aînée de six ans, ainsi que de sept autres enfants venus des ranchs alentour12. Les Fischer s'installèrent un an plus tard, au début de l'année 1949, à Manhattan dans New York puis, à l'automne 1950, à Brooklyn où Regina voulait terminer ses études de médecine à l'université de New York et obtenir un diplôme d'infirmière13.
Regina Fischer inscrivit son fils à l'école juive de Brooklyn, avant de le retirer quelques semaines plus tard et l'inscrire à plusieurs écoles publiques différentes de Brooklyn. De 1952 à 1956, Fischer étudia à la Woodward Community School, une école de environ 150 élèves où il fut accepté grâce à son QI élevé de 18014. Dans cette école, il pouvait pratiquer les échecs et développa un intérêt dans le baseball15. Puis, en septembre 1956, il entra à Erasmus Hall High School (en), une école secondaire et un lycée de Brooklyn avec plus de 5 000 élèves. Parmi les élèves de son lycée (Erasmus Hall), figurait Barbra Streisand qui raconterait plus tard qu'elle le trouvait à la fois solitaire, un peu spécial mais très attirant16,17.
Débuts aux échecs (1949 à 1954)
Un jour de mars 1949, Joan, pour distraire son petit frère, lui acheta un Monopoly, un jacquet et un jeu d'échecs au bazar du coin13. Les deux enfants apprirent seuls les règles à l'aide du feuillet joint au jeu18. Ce n'était au début qu'un jeu comme les autres pour Bobby. Néanmoins, la lecture pendant les vacances d'été de 1949 d'un livre contenant des parties d'échecs commentées changea la donne18. Regina, sa mère, a raconté que lorsqu'il lisait ce livre, il était inutile d'essayer de lui adresser la parole18. Après les vacances, l'échiquier fut remisé pendant un an avant que Bobby Fischer ne réclame à sa mère de lui acheter un nouvel échiquier à l'automne 195019.
En novembre 1950, la mère de Bobby publia une annonce indiquant qu'elle cherchait des adversaires pour son fils qui n'avait pas encore huit ans20 et, en janvier 1951, Hermann Helms (en) l'invita dans une lettre à prendre contact avec le secrétaire du club d'échecs de Brooklyn et d'amener Bobby Fischer à la bibliothèque publique de Brooklyn pour affronter Max Pavey (en) lors d'une séance de partie simultanée disputée le 18 janvier 1951. Bobby Fischer a raconté que sa défaite contre Pavey le motiva beaucoup20. Une semaine après, Regina inscrivit son fils au Brooklyn YMCA Chess and Checker Club et au club d'échecs pour adultes de Brooklyn. Il vint tous les vendredis soir au club de Brooklyn, dont il était le seul enfant parmi les membres, et y multiplia les parties21. Au début il perdait toutes ses parties.
Le président du club d'échecs du YMCA de Brooklyn, Carmine Nigro, un musicien de profession, fut le premier professeur et entraîneur de Bobby Fischer de 1951 à 1955. Il ne faisait pas payer à la mère de Bobby Fischer les leçons de musique ou d'échecs qu'il donnait à son fils22. Fischer disait que Nigro n'était peut-être pas le meilleur joueur du monde mais qu'il était un très bon professeur qui fut un facteur décisif dans ses progrès23. En 1966, dans sa chronique de la revue Boy's Life, Fischer écrivit qu'un des plus grands frissons de sa carrière fut de remporter le premier prix du championnat des enfants du YMCA (ou 1952), une médaille qu'il gagna grâce à sa victoire dans la partie qui l'opposait au fils de Carmine Nigro21.
En juillet 1952, Fischer apparaît dans une photographie publiée par le Brooklyn Public Library News Bulletin. Fischer passait son temps après ses cours à étudier à la bibliothèque publique de la Grand Army Plaza à Brooklyn. À la fin de l'année, il commença à lire toutes les publications des bibliothèques portant sur les échecs21. Le week-end, Nigro emmenait Bobby Fischer disputer des parties en plein air au Washington Square Park dans Greenwich Village.
Fischer participa à son premier championnat du club de Brooklyn (pour adultes) avant d'avoir dix ans : en 1953, il finit cinquième du championnat du club24,25. Au début, Fischer ne remportait aucun de ses tournois. Il finit troisième-cinquième ex æquo du championnat annuel du club de Brooklin 195426-195527,28 avant ses douze ans (décembre 195421-février 1955). En juin 1954, Fischer put assister au match USA-URSS qui avait lieu à l'hôtel Roosevelt à Manhattan et voir les meilleurs joueurs soviétiques et américains.
Premiers tournois en dehors de Brooklyn (1955)
Au début 1955, le nom de Fischer apparaît dans la revue Chess Review parmi les participants d'un tournoi d'échecs par correspondance. Son classement parmi les joueurs d'échecs par correspondance américains diminua progressivement, ce qui indique qu'il abandonnait le jeu par correspondance29,21.
Fin mai 1955, Fischer participa à son premier tournoi organisé par la fédération américaine. Il fut emmené par Carmine Nigro au championnat américain amateur à Lake Mohegan (en) (un hameau situé à cheval sur la ville de Yorktown (en) et celle de Cortlandt, dans l'État de New York). Le championnat amateur, qui avait lieu pendant le week-end du Memorial Day, du 20 au 22 mai, est rapporté par le numéro du 5 juin 1955 de Chess Life et le numéro de juin de Chess Review. Il avait 75 participants et était ouvert à tous les joueurs non classés ou avec un classement inférieur à 2 300 points. Ce fut Carmine Nigro qui paya l'inscription de Fischer au tournoi et sa licence auprès de la fédération américaine. Fischer termina le tournoi au-delà de la trente-deuxième place28.
Fin juin 195526, Bobby, n'ayant plus de rivaux dignes de ce nom dans le club de Brooklyn, s'inscrivit alors au club d'échecs de Manhattan qui était ouvert tous les soirs de la semaine30 (il en devint le plus jeune membre31). Le club était fréquenté par les meilleurs joueurs du pays et organisait le championnat des États-Unis depuis les années 193032.
En juillet 1955, Fischer partit en train pour Lincoln dans le Nebraska, seulement accompagné de Charles Kalme (1939-2002), pour disputer le championnat junior des États-Unis 1955. Il se classa 11e-21e ex æquo (vingtième au départage sur vingt-cinq participants) avec la moitié des points tandis que Kalme remportait le tournoi. Le championnat réunissait les joueurs de moins de 21 ans et Fischer reçut un prix comme plus jeune participant du tournoi (il était le seul joueur âgé de moins de 13 ans)33. À la différence de José Raúl Capablanca et Samuel Reshevsky qui affrontaient les meilleurs joueurs adultes lorsqu'ils avaient huit ans, Fischer ne fut donc pas un enfant prodige (il n'eut aucun résultat important avant ses treize ans). En revanche, ses progrès de tournoi en tournoi à partir de l'année 1956 furent très rapides.
En octobre 1955, le nom de Bobby Fischer apparut dans un article du New York Times relatant les résultats du tournoi du Washington Square disputé en plein air. Le titre de l'article disait : « Eastman vainqueur à Washington Square, un garçon de douze ans près des premiers ». Fischer avait terminé quinzième (le tournoi avait 66 participants)34. Il reçut un prix comme plus jeune joueur du tournoi34. En janvier 1956, il marqua 5 points sur 7 lors du championnat open du « grand New York » ((en) Greater New York Open35) et termina cinquième ex æquo (Fischer remporta le premier prix des joueurs de la classe B).
Du championnat des États-Unis au championnat du monde (1956 à 1972)
Champion des États-Unis à quatorze ans (1956-1957)
En 1956, Bobby Fischer fit la connaissance de son deuxième entraîneur John William (Jack) Collins (le premier avait été Carmine Nigro). Pendant les vacances d'été, le week-end du 4 juillet, il devint, à sa deuxième tentative, le plus jeune vainqueur du championnat junior des États-Unis, ce qui constituait son premier réel succès (le tournoi avait lieu à Philadelphie). Puis, du 16 au 28 juillet, il s'essaya au championnat open adulte des États-Unis à Oklahoma City et se classa quatrième, ex æquo avec trois autres joueurs, sans perdre une partie. Au mois d'octobre, il fut invité au plus fort tournoi américain de l'année 1956 : le troisième trophée Rosenwald (Lessing Rosenwald était le sponsor de la fédération américaine). Il termina huitième avec moins de la moitié des points de ce tournoi remporté par Samuel Reshevsky. Sa victoire spectaculaire contre Donald Byrne lors de la huitième ronde fit le tour du monde (elle fut publiée par les revues soviétiques) et attira l'attention des journalistes sur Bobby Fischer. Lors des vacances de Thanksgiving, en novembre 1956, il termina deuxième ex æquo du championnat open des États de l'Est ((en) Eastern states open) à Washington, D.C. sans concéder la moindre défaite36.
L'année suivante, en mars 1957, Fischer affronta l'ancien champion du monde Max Euwe dans un match exhibition37 ; Fischer perdit 0,5 à 1,5 (une partie nulle38 et une défaite). En juillet, il conserva son titre de champion national junior en ne concédant qu'une partie nulle mais la fédération américaine décida d'envoyer William Lombardy au championnat du monde junior 1957 qui se tiendrait à Torontonote 2. En août 1957, Fischer réussit à conquérir le championnat open des États-Unis à Cleveland sans perdre une partie, devançant grâce à un meilleur départage le champion des États-Unis Arthur Bisguier ; puis il finit ses vacances scolaires en devenant le champion de l'État du New Jersey (fin août-début septembre) en ne concédant qu'une seule partie nulle (marquant 6,5 points sur 7)39.
À la fin de l'année 1957, Fischer fut invité à participer au quatrième trophée Rosenwald organisé du 17 décembre au 8 janvier. Ce tournoi était également le championnat des États-Unis 1957-1958 et aussi le tournoi zonal qualificatif pour le tournoi interzonal, première étape dans la sélection du challenger pour le championnat du monde d'échecs. À quatorze ans, Bobby Fischer remporta le championnat national sans perdre une partie avec huit victoires et cinq nulles40.
Grand maître à quinze ans (1958)

La fédération américaine avait reçu en juillet 1957 une lettre de la section des échecs d'URSS qui invitait Fischer à visiter l'Union soviétique et qui proposait d'assurer les frais du séjour sur place (mais pas les voyages aller et retour). Pour collecter les fonds nécessaires au voyage à Moscou, Fischer apparut en 1958 dans l'émission de télévision J'ai un secret. En posant des questions, les participants du jeu devaient essayer de découvrir qu'il était le champion d'échecs des États-Unis. Fischer réussit à garder son secret et empocha un chèque. En juin-juillet 1958, accompagné de sa sœur, il séjourna pendant trois semaines dans le meilleur hôtel de Moscou41 mais il fut très déçu car il voulait rencontrer les champions du monde Mikhaïl Botvinnik et Vassily Smyslov, ce qui n'était pas prévu. Seul le futur champion du monde Tigran Petrossian accepta de l'affronter dans quelques parties en blitz. En tant que champion des États-Unis, Fischer estimait avoir droit à plus de reconnaissance42.
En janvier 1958, Bobby Fischer était devenu champion des États-Unis (adultes) à l'âge de 14 ans. Grâce à ce titre, il était qualifié pour participer au tournoi interzonal qui constitue l'étape suivante vers le titre de champion du monde. Le tournoi avait lieu à Portorož, en Yougoslavie, en août-septembre 1958 et, dans l'intervalle, Fischer fut invité par la fédération yougoslave à disputer deux matchs contre Matulović et Janošević. Cependant, personne n'était prêt à parier sur la qualification du jeune Fischer (les six premiers du tournoi interzonal étant qualifiés pour le tournoi des candidats). Ce fut donc une surprise lorsqu'il termina cinquième ex æquo de cette compétition43. Grâce à ce succès, il se vit conférer le titre de grand maître international (GMI) à la fin de l'année. Il avait quinze ans et demi ; ce record de précocité ne fut battu qu'en 1991 par Judit Polgárnote 3.
Arrêt des études à seize ans (1959)
En septembre 1958, Fischer effectua sa rentrée dans son lycée d'Erasmus Hall, avec quelques jours de retard et le lycée lui décerna un prix pour sa performance au tournoi interzonal. Un journaliste russe interviewa Fischer après son succès et remarqua qu'il avait une bibliothèque de 80 livres d'échecs dont plus de la moitié en russe. En décembre 1958-janvier 1959, Fischer remporta pour la deuxième fois le championnat des États-Unis44,45.
La sœur de Fischer, Joan Fischer (née en 1938), qui avait accompagné Bobby Fischer lors de son voyage en Europe, se maria en 1958 avec un ingénieur, Russell Targ.
En mars 1959, dès qu'il eut seize ans, Fischer quitta l'école secondaire46. Plus tard, il déclara que le moment qu'il préférait à l'école était la sonnerie qui indiquait la fin des cours47. Dans une interview donnée en août 196148, il dit : « On n'apprend rien à l'école. C'est juste une perte de temps. (…) Ils donnent trop de devoirs scolaires. On ne devrait pas avoir de devoirs à faire. Cela n'intéresse personne. Les professeurs sont stupides. Il ne devrait pas y avoir de femmes. Elles ne savent pas enseigner. Et on ne devrait obliger personne à aller à l'école. Si tu ne veux pas y aller, tu n'y vas pas, c'est tout. C'est ridicule. Je ne me souviens de rien que j'ai appris à l'école. (…) J'ai gaspillé deux années et demi à Erasmus High. Je n'ai rien aimé. Tu dois te mêler avec tous ces enfants stupides. Les professeurs sont même plus idiots que les enfants. Ils parlent de haut aux enfants. La moitié d'entre eux sont fous. S'ils m'avaient laissé choisir, je serais parti avant d'avoir eu seize ans49. » Cette interview fit beaucoup de tort à l'image de Fischer dans les médias lorsqu'elle parut en janvier 196250.
À partir de 1960, les relations entre Bobby et sa mère se dégradèrent. À seize ans, il avait quitté l'école contre l'avis de sa mère qui pensait qu'il consacrait trop de temps aux échecs. Regina Fischer s'était inscrite au Comité pour l'action non violente (CNVA), un mouvement pour la paix. Elle participa à une marche pour la paix de huit mois, prévue en décembre 1960, qui devait aller de San Francisco à Moscou. Elle rencontra un professeur d'anglais et partit s'installer avec lui en Angleterre51. Elle ne réapparut dans la vie de son fils qu'en 197252 et mourut en 199753.
Tournoi des candidats et tournois internationaux disputés en 1959
En avril 1959, libéré de l'école, Fischer partit en Argentine et au Chili pour disputer deux tournois. Il termina troisième ex æquo du tournoi de Mar del Plata et quatrième ex æquo à Santiago du Chili. Ces tournois furent remportés par Miguel Najdorf, Ludek Pachman (ex æquo) et Borislav Ivkov. Aucun joueur soviétique ne participait à ces tournois. Lors du tournoi de Zurich de mai 1959 (tournoi anniversaire du club de Zurich), il battit pour la première fois un joueur soviétique54, le grand maître Paul Keres, et finit 3e ex æquo avec Keres derrière Mikhaïl Tal et Svetozar Gligorić.
En septembre et octobre, il prit comme secondant Bent Larsen55 lors du tournoi des candidats au championnat du monde de Bled, Zagreb et Belgrade et termina premier joueur non soviétique à la cinquième place ex æquo avec Gligoric, derrière les quatre joueurs soviétiques Tal, Keres, Petrossian et Smyslov, mais devant Olafsson et Benko. Il marqua56 :
- 0 / 4 contre le futur champion du monde Tal ;
- 1 / 4 contre le futur champion du monde Petrossian (+0 –2 =2) ;
- 2 / 4 contre Keres (+2 –2 =0), Smyslov (+1 –1 =2) et Gligoric (+1 –1 =2) ;
- 2,5 / 4 contre Olafsson (+2 –1 =1) ;
- 3 / 4 contre Benko (+2 –0 =2).
À l'issue du tournoi des candidats et sur les conseils de Pal Benko, Bobby Fischer changea son apparence vestimentaire et, à partir du championnat des États-Unis 1959-1960, il n'apparut plus qu'en costume et cravate dans les tournois57.
Premiers succès hors des États-Unis (1960-1961)

En 1960, après son troisième titre de champion des États-Unis (1959-1960), Fischer remporta ses deux premiers tournois internationaux : Reykjavik (tournoi à trois joueurs) et, ex æquo avec Boris Spassky, le tournoi de Mar del Plata, au printemps58.
À l'automne 1960, à l'olympiade de Leipzig, Fischer remporta la médaille de bronze individuelle au premier échiquier de l'équipe des États-Unis et la médaille d'argent par équipes. En janvier 1961, il gagna son quatrième titre de champion des États-Unis, toujours sans perdre de partie et avec deux points d'avance sur Lombardy et trois points d'avance sur Reshevsky. Pendant l'été (en juillet-août), il disputa un match contre l'ancien prodige américain Samuel Reshevsky. Initialement prévu en seize parties, le match fut interrompu sur un score d'égalité (+2 –2 =7) à la suite d'un désaccord : la douzième partie avait été avancée à onze heures le dimanche matin par la mécène et organisatrice du match, Jacqueline Piatigorsky. Opposé à cet aménagement, Fischer ne se présenta pas à la rencontre et fut déclaré perdant par forfait. Il refusa de disputer une treizième partie si la douzième n'était pas rejouée. Reshevsky fut déclaré vainqueur du match et Fischer poursuivit la fédération américaine devant le tribunal. L'affaire se termina par un non-lieu mais le scandale fut relayé dans les médias (presse, radio et télévision) et ternit l'image de Fischer59.
En septembre 1961, Fischer marqua 3,5 points sur 4 contre les quatre joueurs soviétiques qui participaient au tournoi de Bled (Slovénie) : il battit pour la première fois Mikhaïl Tal, Tigran Petrossian et Efim Geller et annula contre Paul Keres. Seul l'ancien champion du monde (1960-1961) Tal le devança au tableau final. À la fin de l'année, Fischer ne participa pas au championnat de 1961-1962 mais resta en Europe pour se préparer au tournoi interzonal qui devait avoir lieu à Stockholm de janvier à mars 196260.
Coup d'arrêt à Curaçao (1962)

En mars 1962, Fischer remporta le tournoi interzonal de Stockholm avec 17,5 points sur 22 et deux points et demi d'avance sur les Soviétiques Tigran Petrossian, Efim Geller et Viktor Kortchnoï. Fischer était le premier joueur à devancer les Soviétiques dans un tournoi majeur d'échecs depuis 194661. En 1959, il avait déjà été, dès l'âge de 16 ans, candidat au titre mondial. À sa deuxième tentative au tournoi des candidats de mai et juin 1962, il n'eut pas la réussite escomptée. À Curaçao, il commença le tournoi par deux défaites et finit quatrième avec seulement 14 points sur 27. Il marqua62 :
- 1,5 / 4 contre le futur champion du monde Petrossian (+0 –1 =3), contre Geller (+1 –2 =1) et contre Kortchnoï (+1 –2 =1) ;
- 2 / 4 contre Kérès (+1 –1 =2) ;
- 2,5 / 4 contre Benko (+2 –1 =1) ;
- 2 / 3 contre l'ancien champion du monde Tal (+1 –0 =2) qui, malade, avait abandonné lors du dernier tour du tournoi ;
- 3 / 4 contre Filip (+2 –0 =2).
Après le tournoi, il dénonça la collusion entre les trois premiers du tournoi, Tigran Petrossian, Paul Keres et Efim Geller, qui auraient conclu de courtes parties nulles entre eux pour préserver leur énergie contre luinote 4. En 1965, la FIDE changea les règles du cycle de qualification en organisant des matches par élimination directe plutôt qu'un tournoi toutes rondes.
Premier retrait des compétitions internationales (1963 à 1965)
En août 1962, après son échec au tournoi des candidats, Fischer publia un article dans Sports Illustrated, où il accusait les Soviétiques de comploter pour conserver le titre de champion du monde et écarter les joueurs des autres nations. En 1963, il décida de ne pas participer à la coupe Piatigorsky qui avait lieu à Los Angeles en été — le tournoi fortement doté fut remporté par Petrossian et Keres. En 1964, il boycotta les compétitions internationales organisées par la Fédération internationale : tournoi interzonal et olympiade d'échecs de 1964. Pour gagner de l'argent, Fischer commença à animer une chronique dans le magazine américain Chess Life en 1963. La même année, il participa à quelques tournois open aux États-Unis qu'il remporta facilement63. Cependant le seul tournoi de haut niveau qu'il disputa entre février 1963 et août 1965 fut le championnat des États-Unis 1963-1964 qu'il remporta en marquant 100 % des points (ne concédant aucune partie nulle ni aucune défaite, 11 points marqués sur 11)64. Entre février et mai 1964, il effectua une tournée de parties simultanées qu'il faisait payer 250 dollars par séance65. De septembre à décembre 1964, Fischer donna des conférences au club d'échecs de Manhattan (Manhattan Chess Club). À la fin de l'année 1964, le championnat des États-Unis 1964-1965 n'eut pas lieu pour des raisons financières66.
Retour avorté dans le circuit des tournois (1965 à 1968)
La Fédération internationale (FIDE) répondit aux accusations de Fischer en remplaçant le tournoi des candidats par des matchs éliminatoires. En août–septembre 1965, Fischer effectua son retour dans les tournois internationaux, disputant le tournoi mémorial Capablanca de La Havane. Les États-Unis avaient interdit à Fischer de se rendre à Cuba et il joua toutes ses parties par télex depuis New York67. Il termina deuxième du tournoi de La Havane remporté par l'ancien champion du monde Vassily Smyslov. Il marqua un point sur trois contre les trois joueurs soviétiques68 (une victoire contre Smyslov et des défaites contre Geller et Kholmov). En 1966, il termina second, après Spassky, au tournoi de Santa Monica et marqua 1,5 point sur 4 (une défaite et trois parties nulles) contre les joueurs soviétiques finalistes du championnat du monde d'échecs 1966, Boris Spassky et Tigran Petrossian69.
En 1967, après avoir remporté le championnat des États-Unis pour la huitième fois (du 11 décembre 1966 au 1er janvier 1967), Fischer revint en Europe et termina premier des tournois de Monaco (mars-avril) et de Skopje (août-septembre). Dans les deux tournois, il concéda encore la défaite contre Efim Geller70. En novembre 1967, il se retira du tournoi interzonal de qualification de Sousse en Tunisie, qu'il dominait largement (sept victoires et trois parties nulles après dix parties), parce qu'il refusait d'affronter consécutivement plusieurs joueurs soviétiques sans avoir de jour de repos et parce qu'il demandait à ne pas disputer de parties le samedi, pratiquant le sabbat selon les préceptes de l'Église universelle de Dieu (Radio Church of God, puis Worldwide Church of God) à laquelle il donnait 10 % de ses gains71.
En 1968, brouillé par les conditions de son exclusion lors du tournoi interzonal de 1967, Fischer ne participa qu'à deux tournois (Netanya en Israël et Vinkovci en Croatie).
Deuxième arrêt des compétitions (1968-1969)
En octobre 1968, Fischer refusa de participer à l'olympiade de Lugano car les conditions de jeu (bruit et éclairage) ne lui convenaient pas. La même année, il quitta New York et déménagea à Los Angeles.
En 1969, l'éditeur Simon et Schuster publia le recueil de parties de Fischer My 60 Memorable Games, mais celui-ci ne disputa aucune compétition72. En novembre 1969, Bobby Fischer refusa de participer au championnat américain de 1969. Le championnat, qui était un tournoi zonal, fut remporté par Samuel Reshevsky (huitième titre) devant William Addison et Pal Benko. Les trois premiers étaient qualifiés pour tournoi interzonal de 1970, première étape du cycle des candidats pour le championnat du monde 1972.
La conquête du championnat du monde (1970 à 1972)

En mars 1970, Fischer revint à la compétition pour disputer le match URSS - Reste du monde qui avait lieu à Belgrade. Il accepta de jouer au deuxième échiquiernote 5 et battit l'ancien champion du monde Tigran Petrossian : 3-1 (+2 –0 =2). Il enchaîna en remportant le tournoi blitz de Herceg Novi (devant Mikhaïl Tal, Viktor Kortchnoï et Tigran Petrossian), puis le tournoi de Rovinj–Zagreb (tournoi de la paix) et celui de Buenos Aires, devançant à chaque fois largement tous ses adversaires.
À la fin de l'année, Fischer, qui n'avait pas disputé le championnat des États-Unis de 1969 qualificatif pour le championnat du monde, fut repêché grâce au désistement volontaire de dernière minute de son compatriote Pal Benko, pour disputer le tournoi de qualification interzonal de Palma de Majorque qui se tenait du 9 novembre au 12 décembre73. Après un très bon départ (5,5 points sur 6 possibles), il subit une petite baisse de régime : deux nulles, puis une défaite contre le Danois Bent Larsen lors de la neuvième ronde, suivies de deux parties nulles. Mais Fischer se ressaisit sur la fin en remportant ses sept dernières parties (dont l'ultime par forfait) pour gagner le tournoi avec 3,5 points d'avance sur ses plus proches poursuivants. Dans ce tournoi, il renouvela sa performance du tournoi de Bled 1961 en marquant 3,5 points sur 4 contre les quatre participants soviétiques de l'interzonal74 : seul Polougaïevski parvint à annuler sa partie tandis que Smyslov, Geller et Taïmanov perdirent contre Fischer.
Par la suite, au cours des matchs éliminatoires pour le Championnat du monde (le « tournoi des candidats »), le champion américain écrasa le Soviétique Mark Taïmanov par le score de 6 à 0 au mois de mai 1971 à Vancouver au Canada, puis écrasa le Danois Bent Larsen sur le même score de 6 à 0, malgré la conviction du maître danois de sa victoire, en juillet 1971, à Denver aux États-Unis. Le dernier match de qualification l'opposa à l'ancien champion du monde Tigran Petrossian, joueur réputé pour sa solidité en défense, à Buenos Aires au mois de septembre 197175. Après un début de match équilibré (une défaite de chaque côté et trois parties nulles), Fischer aligna quatre victoires et vainquit l'ancien champion du monde par 6,5 à 2,5. Avant de perdre la deuxième partie du match contre Petrossian, Fischer avait établi une série de 20 victoires consécutives (dont une par forfait) contre des GMI (sans aucune partie nulle) en parties officielles, un record inégalé à ce niveau.
À l'issue d'un match mémorable en Islande, surnommé le « match du siècle »note 1, qui tint le public en haleine, autant pour les parties que pour les péripéties hors compétition (menace de Fischer de ne pas participer, son forfait à la deuxième partie, ses exigences sur le placement des caméras ou l'absence de contact avec le public, etc.), il devint champion du monde à l'été 1972, en battant le Russe Boris Spassky, champion du monde sortant qu'il n'avait jamais vaincu auparavant. Ce succès, largement médiatisé, mit temporairement fin à 24 ans d'hégémonie soviétique sur le monde des échecs, et fut un tournant dans la compétition entre les États-Unis et l'URSS en pleine guerre froide.
Avec 2 785 « points Elo » au classement de la Fédération internationale des échecs de juillet 197276, Fischer devint le joueur qui avait atteint le classement Elo le plus élevé de l'histoire avant l'arrivée de Garry Kasparov dans les années 198077.
Réclusion et exil (1973 à 2008)
Fischer et l'Église universelle de Dieu

En 1972-1973, Bobby Fischer fit don d'un tiers78 de l'argent gagné à Reykjavik à l'Église universelle de Dieu (Worldwide Church of God)79. Bien qu'il ne fût pas un membre de ce mouvement religieux, car il avait refusé d'être baptisé, il vécut dans un appartement loué à un prix modeste par cette communauté. Il refusait de suivre les préceptes et interdits de l'Église universelle qu'il trouvait ridicules. Cependant, il bénéficia de ses largesses : un jet privé, une limousine avec chauffeur, des invitations à des dîners et des billets de concerts. Un ancien champion d'haltérophilie, membre du mouvement, Harry Sneider, lui fit suivre un entraînement en natation, haltérophilie, football et tennis79. En août 1973, le gestionnaire financier et conseiller de l'Église universelle de Dieu, Stanley Rader, organisa une conférence de presse où Bobby Fischer était présent. Rader déclara que Fischer annoncerait bientôt son retour sur l'échiquier mais qu'il refuserait toute offre pour disputer un match avec un montant inférieur à un million de dollars. Fischer répondit brièvement à une question lui demandant ce qu'il avait fait pendant la dernière année : « J'ai lu des livres, je me suis entretenu et ai regardé quelques parties, ce genre de choses. » Il avait accès à la bibliothèque de l'Église qui contenait des livres sur la religion et la théologie.
Fischer s'éloigna progressivement de l'Église universelle de Dieu. Son fondateur, Herbert W. Armstrong, avait prédit qu'une Troisième Guerre mondiale détruirait les États-Unis en 1972 et que ses membres trouveraient un refuge dans la ville de Pétra en Jordanie78. Il avait annoncé le retour du Messie pour 197280 ou 197581. Fischer fit part publiquement de ses critiques envers l'Église universelle, déclarant dans une interview : « La vraie preuve pour moi furent ces (fausses) prophéties… qui me montrent qu'il (Armstrong) est un inqualifiable bonimenteur… Je me suis dit : cela ne semble pas juste, j'ai donné tout mon argent. Tout le monde me disait pendant des années (que 1972 serait une année où l'Église universelle serait un lieu sûr) et maintenant il sous-entend ne l'avoir jamais dit, alors que je me rappelle l'avoir entendu dire des centaines de fois. […] En aucun cas, il ne pourrait être le vrai prophète de Dieu. Ou Dieu est un masochiste et aime être ridiculisé, ou Herbert Armstrong est un faux prophète »80.
Perte du titre mondial (1973-1975)

En 1973-1974, Fischer refusa les nombreuses offres de contrats qui lui étaient faites82 :
- enregistrer des disques sur la façon de jouer aux échecs, pour un million de dollars américains ;
- disputer un match contre Spassky à Las Vegas pour un million de dollars ou au Texas pour 1,5 million de dollars ;
- écrire un livre sur le championnat du monde pour une « petite fortune » ;
- réaliser une série de films qui auraient été diffusés dans le monde entier ;
- réaliser divers spots de publicité (par exemple, une marque de soda lui proposa plus d'un million de dollars83).
L'offre la plus intéressante, qui parvint en 1974, provenait du gouvernement zaïrois et proposait cinq millions de dollars américains pour organiser un championnat du monde contre Anatoli Karpov pendant un mois dans ce pays. Bobby Fischer refusa sous prétexte que le match aurait été trop court et que le double du montant proposé avait été dépensé en une seule nuit lors de la venue de Mohamed Ali pour son match contre George Foreman. Parmi toutes les propositions, Fischer n'accepta qu'une seule offre : pour vingt mille dollars, en 1973, il accepta de faire une apparition en tant qu'invité d'honneur au premier tournoi international des Philippines où ses dépenses furent payées ; il résida pendant un mois dans un hôtel près de Manille.
Fischer ne disputa plus aucune partie officielle (tournoi ou match) après qu'il eut conquis ce titre mondial. En avril 1975, il perdit son titre par forfait pour avoir refusé les conditions du match dont le but était de remettre son titre en jeu contre son adversaire désigné, le jeune Soviétique Anatoli Karpov (contre qui il n'a jamais disputé la moindre partie). Fischer voulait que le titre revînt au premier joueur remportant dix parties, mais la discussion achoppa car Fischer proposait une clause qui stipulait qu'en cas d'égalité à 9 partout, le champion du monde conserverait son titre.
En 1976 et 1977, des négociations furent entreprises par Karpov et la fédération soviétique pour organiser un match contre Fischer indépendamment de la fédération internationale. Les tractations échouèrent car Fischer voulait que le match soit appelé « match pour le championnat du monde professionnel », à quoi s'opposaient les Soviétiques. Sur le point de signer un accord partiel qui reporterait à plus tard la question du nom, Fischer déclara à Florencio Campomanes, le président de la fédération des Philippines (et futur président de la Fédération internationale), qui était présent lors des négociations : « Je ne peux pas le faire en plusieurs fois. C'est tout maintenant ou rien du tout84. »
Anatoli Karpov a résumé son impression dans une interview85 : « Oui, je l’ai rencontré [Bobby Fischer] à trois reprises : au Japon, en Espagne et à Washington. Nos relations étaient très bonnes mais je pense que c’est Florencio Campomanes qui le poussait à jouer le match. En ce qui me concerne, je voyais bien, après nos discussions, que [Fischer] n’avait pas trop envie de jouer. »
Anti-christianisme et antisémitisme
Dès 1962, Bobby Fischer avait déclaré dans une interview : « J'ai lu un livre de Nietzsche récemment et il dit que la religion est juste là pour émousser le sens commun. Je suis d'accord86. »
Lorsque Fischer remarqua que Stanley Rader et d'autres responsables de l'Église universelle étaient des juifs convertis79, il devint antichrétien87 et rejeta l'Ancien et le Nouveau Testaments.
Parmi les nombreux livres que Fischer lut, acheta et envoya à ses amis figurait Les Protocoles des sages de Sion. Il écrivit dans une lettre à Pal Benko88 : « J'ai étudié attentivement Les Protocoles des sages de Sion. Je pense que ceux qui les dénoncent comme un faux, une contrefaçon, un canular, soit se trompent, soit les ignorent ou pourraient bien être des hypocrites. »
Bobby Fischer lut également Nature's Eternal Religion, un livre raciste, antichrétien et antisémite publié en 1973 par Ben Klassen, le fondateur de l'Église du créateur (Church of the Creator). Fischer écrivit dans une lettre à Jack Collins89 : « Le livre montre que le christianisme n'est qu'un canular des juifs et un outil de plus des juifs dans leur conquête du monde. »
Il envoya à Collins un nouveau livre qu'il avait trouvé : Secret World Governement qui offrait la théorie d'une conspiration mondiale menée par les juifs et les accusait d'être des satanistes87.
Dans une conférence de presse donnée en 1992, Fischer déclara90 : « Le communisme soviétique est à la base un masque pour le bolchévisme qui est un masque pour le judaïsme. » Niant être un antisémite, il répondait que les arabes étaient des sémites et qu'il n'était pas anti-arabe90.
Retraite et réclusion (1975 à 1989)
En 1975, après avoir renoncé au titre de champion du monde, Fischer fit une croisière de deux mois autour du monde91. Pour ne pas être reconnu, il avait laissé pousser sa barbe ; il cessa par la suite de se couper les cheveux. De retour en Californie, il habita dans un appartement appartenant à des amis de l'Église universelle : Arthur et Claudia Mokarow. Claudia Mokarow lui servait de tampon et d'intermédiaire avec les journalistes qu'il évitait à tout prix. Fischer passait ses journées à lire des livres qui s'entassaient dans son appartement de Pasadena, à faire de l'exercice physique (des randonnées ou de la natation) et à étudier les échecs. Sa mère - qui vivait en Allemagne de l'Est - lui envoyait toutes les publications soviétiques sur les échecs.
À la fin des années 1970, Fischer avait épuisé l'argent reçu pour le match de 1972, il ne vivait plus que des droits d'auteur pour ses livres (environ 6 000 dollars américains par an92) et du chèque que la sécurité sociale envoyait chaque mois à l'adresse de sa mère qui vivait alors en dehors des États-Unis. Son loyer devenant trop cher, il changea deux fois de logement.
À partir de 1977, Fischer refusa de payer des impôts93. Il était en conflit avec un journaliste, Brad Darrach, auteur de Bobby Fischer vs. the Rest of the World. Darrach avait signé un contrat qui l'autorisait à écrire des articles mais pas un livre. Dans une des conférences de presse de 1992, Fischer déclara94 :
« J'ai poursuivi une société appelée Time Incorporated. (…) J'ai passé deux ans au tribunal, (dépensé) beaucoup d'argent, beaucoup de mon temps. C'était à la cour fédérale. Puis le juge a dit « Vous n'avez pas d'affaire à juger. » (…) Donc je considère que le gouvernement des États-Unis et Time Incorporated ont engagé une conspiration criminelle pour me voler des centaines de millions de dollars, ce qui est la raison pour laquelle je n'ai pas déclaré mes revenus ni payé mes impôts au gouvernement fédéral et à l'État de Californie depuis 1976... plutôt depuis 1977. »
Craignant que le KGB ou le Mossad ne voulût l'empoisonner, il amenait toujours avec lui une valise contenant divers contre-poisons lorsqu'il mangeait dans un restaurant95.
En 1982, Fischer publia un pamphlet intitulé I Was Tortured in the Pasadena Jailhouse! (J'ai été torturé dans les geôles de Pasadena !). Dans ce livre, il racontait les deux nuits qu'il avait passées en mai 1981 dans une prison, soupçonné dans un cambriolage de banque et refusant de donner son nom.
Les seules parties de Fischer publiées de 1973 à 1991 furent trois parties disputées en 1977 contre un ordinateur du MIT96. Il ne joua aucune partie en public92.
Depuis 1975 et l'abandon de son titre, sa personnalité bascula dans une paranoïa grandissante, notamment contre les juifs et les États-Unis qu'il accusait de comploter contre lui97. Dans un de ses articles, Steve A. Furman a attribué le comportement de Bobby Fischer à un trouble psychiatrique, le syndrome d'Asperger98, mais le joueur d'échecs et psychiatre islandais Magnus Skulason, qui connaissait le joueur, n'est pas d'accord avec ce diagnostic99. Au cours d'une audience du Comité permanent de la justice et des droits de la personne, le Dr Louis Morissette cita Fischer comme exemple de « schizophrénie paranoïde »100.
Match revanche contre Spassky (1992)

Depuis 1972, Boris Spassky restait en contact avec Bobby Fischer. En 1976, il avait épousé une diplomate française et s'était installé à Paris. Dans les années 1980, il jouait au premier échiquier de l'équipe de France lors des compétitions internationales par équipes. En 1988, lors d'un match de la Bundesliga (le championnat d'Allemagne par équipes), il rencontra Petra Sadler. Pensant que Fischer serait intéressé par elle, Spassky donna l'adresse du champion américain à la jeune femme, lui suggérant d'écrire à Fischer et de lui envoyer une photo. À la surprise de Sadler, Fischer lui téléphona et l'invita en Californie. Après un séjour de quelques semaines à Los Angeles, elle retourna en Allemagne. Fischer, qui était appauvri, ne put payer l'avion pour partir avec elle11.
En 1990, Boris Spassky contacta Fischer et l'informa que Bessel Kok était intéressé par l'organisation d'un match revanche Fischer-Spassky. Ce fut l'homme d'affaires qui paya le voyage et les frais du séjour des deux joueurs à Bruxelles. Le prix offert par Kok pour le match (2,5 millions de dollars américains) ne satisfaisait pas Fischer et les joueurs se séparèrent. Spassky retourna à Paris et Fischer, qui avait reçu de l'argent de Kok, partit en Allemagne où il retrouva Petra Sadler. Pendant un an, il vécut dans des hôtels, changeant continuellement d'emplacement pour éviter les journalistes qui le traquaient. Repéré par un journaliste du magazine Stern, Fischer retourna à Los Angeles.
En juillet 1992, Bobby Fischer, qui avait disparu complètement du monde échiquéen, réapparut pour annoncer un match revanche contre Spassky, 101e joueur mondial à ce moment-là. En 1991, le champion américain avait été contacté par une jeune joueuse hongroise de dix-sept ans, Zita Rajcsanyi, qui vint le voir à Los Angeles et découvrit son dénuement. De retour en Europe, elle utilisa les relations de son père, diplomate et membre de la FIDE et trouva un organisateur qui pourrait apporter cinq millions de dollars : Janos Kubat. Il avait avec lui le président de la banque de Yougoslavie, Jedzimir Vasiljevic, un ami de Slobodan Milosevic.
Le match, disputé du 2 septembre au 5 novembre 1992 à Sveti Stefan sur la côte dalmate et à Belgrade, fut qualifié abusivement de « championnat du monde » par les organisateurs et par Fischer, ce dernier prétextant ne jamais avoir perdu son titre de 1972 sur l'échiquier. Ce match se tint en Yougoslavie alors en pleine guerre civile et sous embargo des États-Unis. Fischer remporta de nouveau le duel, 10 victoires à 5 et 15 parties nulles, et empocha 3,35 millions de dollars101. Le perdant, Spassky, reçut 1,65 million de dollars. L'opinion des experts sur le match était que le meilleur joueur avait gagné mais que les deux joueurs vivaient toujours « dans l'époque romantique de 1972102 ». Youri Averbakh écrivit : « Le Fischer d'aujourd'hui n'a clairement pas le niveau du Fischer de 1972. Il est inférieur dans l'exploitation de l'initiative, dans la concentration, la contre-attaque et finalement en technique103. » Garry Kasparov déclara104 : « Dieu est redescendu sur Terre. » Néanmoins la onzième et la première parties du match furent classées respectivement troisième et quatrième meilleures parties par l'Informateur d'échecs, no 56105.
Si, grâce à sa victoire, Fischer avait gagné plus de trois millions de dollars, il dut payer un lourd tribut : il fut alors poursuivi dans son propre pays pour violation de l'embargo et fraude fiscale ; il lui fut impossible de retourner aux États-Unis car il y risquait une peine de dix ans d'emprisonnement. Après le match, Fischer voulut épouser Zita Rajcsanyi mais elle rompit avec lui.
Exil et clandestinité
En Hongrie (1993 à 1999)
Poursuivi par les États-Unis depuis 1992, Fischer séjourna plus ou moins clandestinement dans divers pays, aidé par des sympathisants. Il résida à Budapest de 1993 jusqu'en janvier 2000. Il vivait dans un hôtel où il lisait des publications négationnistes106 et préparait des livres : un pamphlet sur la manière dont les divers éditeurs l'avaient volé107 et un livre anti-américain où il exposerait sa haine des juifs108. Résidant en Hongrie, il visita l'Italie, l'Allemagne, l'Autriche, la Suisse (pour renouveler son passeport et voir son banquier), le Japon (pour des raisons commerciales) les Philippines et l'Argentine (pour promouvoir les échecs aléatoires Fischer Random)109.
Fischer se brouilla avec László Polgár et sa famille (les sœurs Polgar) car ils avaient accepté de donner une partie simultanée à l'ambassade des États-Unis, qui étaient ses ennemis110.
La mère de Fischer, Regina Fischer, mourut en juillet 1997 et sa sœur Joan en 1998, d'un infarctus53. Fischer ne put assister aux enterrements de sa mère et de sa sœur qui avaient lieu aux États-Unis53.
Fischer fut remarqué notamment pour des déclarations antisémites très controversées. En janvier 1999, il déclarait à la radio, dans sa première interview depuis le match de 1992 : « Comme l'écrivait Adolf Hitler dans Mein Kampf, les juifs ne sont pas les victimes, ce sont les agresseurs111 ! »
Japon et Philippines (2000 à 2003)
En janvier 2000, Fischer quitta Budapest pour le Japon. Il arriva à Tokyo avec un permis de séjour de trois mois, sur l'invitation de la présidente de la fédération japonaise, Miyoko Watai (en). Il l'avait rencontrée pour la première fois lors d'un voyage au Japon en 1973. Âgée de deux ans de moins que Bobby Fischer et championne du Japon féminine dans les années 1970, elle était une admiratrice du champion américain et l'hébergea.
De 2000 à 2003, Fischer effectua quinze allers et retours entre le Japon et les Philippines. Il eut une liaison avec une jeune Philippine d'origine chinoise, Justine Ong, qui changea son nom en Marilyn Young. Quelques mois plus tard, elle lui annonça qu'elle était enceinte et mit le nom de Bobby Fischer comme père sur l'acte de naissance de l'enfant, ce que Fischer accepta même s'il n'était pas sûr d'être le père de la fille qu'elle avait appelé Jinky Young112.
Depuis le Japon, Fischer fit quelques brèves apparitions médiatiques. En août 2000, on apprenait qu'il avait été arrêté pendant dix-huit jours pour des accusations de drogue « forgées de toutes pièces ». Le 11 septembre 2001, quelques heures après les attentats de New York et de Washington, interrogé par Pablo Mercado, il s'emporte sur les ondes de Radio Bombo aux Philippines113 :
« C'est une formidable nouvelle, il est temps que ces putains de juifs se fassent casser la tête. Il est temps d'en finir avec les États-Unis une bonne fois pour toutes. […] Je dis : mort aux États-Unis ! Que les États-Unis aillent se faire foutre ! Que les juifs aillent se faire foutre ! Les juifs sont des criminels. […] Ce sont les pires menteurs et salauds ! On récolte ce qu'on a semé. Ils ont enfin ce qu'ils méritent. C'est un jour merveilleux97. »
Arrestation au Japon (2004)
En 1997, Fischer avait fait renouveler son passeport jusqu'en 2007. En octobre 2003, du fait de ses nombreux allers et retours entre les Philippines et le Japon, il dut faire ajouter des pages à son passeport. Fischer en fit la demande à l'ambassade des États-Unis à Berne en Suisse car il ne pouvait pas y être arrêté114. Six semaines plus tard, en décembre 2003, le ministère de la justice américain lui envoya une lettre à son hôtel de Berne indiquant qu'une révocation de son passeport était en cours. Fischer ne reçut pas l'avertissement car il était reparti au Japon où il vivait depuis 2000.
Le 13 juillet 2004, alors qu'il tentait de s'envoler pour Manille, Fischer fut arrêté à l'aéroport de Tokyo-Narita115 parce que son passeport américain avait été annulé à son insu ; il fut placé pendant neuf mois dans le centre de détention pour étrangers d'Ushiku (département d'Ibaraki) au nord-est de Tokyo en attente de son extradition.
En septembre 2004, Miyoko Watai (en), la présidente de la fédération d'échecs japonaise (en) avec laquelle il vivait, accepta de l'épouser pour bloquer la procédure d'extradition116,117.
Citoyenneté islandaise (2005)
En décembre 2004, Bobby Fischer demanda l'asile politique à l'Islande118, lieu de la conquête de son titre de champion du monde. Il obtint la citoyenneté islandaise le 22 février 2005119 et put rejoindre ce pays le 24 mars120. Le Département d'État américain se déclara déçu. Sa femme, Miyoko Watai, qui avait lancé une campagne internationale de soutien, accompagna Fischer en Islande.
Dernières années à Reykjavik (2006 à 2008)

Par principe, suivant les enseignements de l'Église universelle de Dieu, Fischer refusait de prendre des médicaments. En octobre 2007, lorsque ses problèmes urinaires commencèrent à être douloureux, il refusa de suivre une dialyse pour nettoyer son sang121.
Il meurt en Islande le 17 janvier 2008 à 64 ans (comme le nombre de cases de l'échiquier)122, des suites de son insuffisance rénale.
À sa mort, l'ancien champion du monde Garry Kasparov déclara que « Fischer peut tout simplement être considéré comme le fondateur des échecs professionnels et sa domination, bien que de très courte durée, a fait de lui le plus grand de tous les temps97 ».
Héritage et exhumation (2010-2011)
En août 2010, plus d'un an après la mort de Bobby Fischer, fut procédé à l'exhumation de son corps pour un test d'ADN. Celui-ci montre qu'il n'était pas le père biologique de Jinky Young, la fille qu'il avait reconnue aux Philippines123.
En mars 2011, une cour islandaise reconnaît la validité du mariage de Fischer et de Miyoko Watai, qui hérite par conséquent de plus de deux millions de dollars aux dépens des neveux de Bobby Fischer (les enfants de sa sœur Joan Fischer avec Russell Tang).
Palmarès
Premières parties
La plus ancienne partie de Fischer qui a été transcrite et conservée est une partie amicale contre Dan Meyers disputée vers janvier 1953. On connaît aussi deux parties amicales gagnées par Fischer en 1954 et notées par son adversaire Jacob Altusky21.
Parmi les parties de Bobby Fischer disputées en tournoi (parties amicales exclues) qui ont été publiées, seulement une partie par correspondance, dix parties longues, ainsi qu'un fragment de partie datent des débuts de Bobby Fischer jusqu'au championnat junior de 1956 :
- une seule partie (défaite) de Fischer jouée par correspondance, dont le résultat fut annoncé dans le numéro d'août 1955 de Chess Review, a été retrouvée (Bobby Fischer abandonna cette partie contre Anthony Conger au douzième coup dans une position difficile)21 ;
- une partie du championnat amateur de mai 1955 (6 rondes) face à Albert B. Humphrey contre lequel Fischer fit nulle dans la sixième ronde (le 22 mai)25. Selon Karsten Muller, les comptes-rendus du championnat amateur de 1955 ne donnent aucune mention des résultats de Fischer dans le tournoi124. Son score est inconnu de Frank Brady26 mais il indique que Fischer finit le tournoi avec un score faible (« a minus score », moins de 3 points sur 6125. Wade et O'Connell indiquent que Fischer finit au-delà de la 32e place sur 75 participants.
- cinq parties (plus un fragment) du championnat junior américain disputé du 15 au 24 juillet 1955 (10 rondes, la table du tournoi est connue)126 ;
- aucune partie du championnat du Grand New York (Greater New York Open) de janvier 1956 (7 rondes) n'a été conservée mais la table du tournoi a été retrouvée en 2010 avec les noms de tous les adversaires de Fischer ainsi que les résultats des parties127 (on connaît aussi toutes ces informations pour les championnats juniors de 1955 et 1956 ainsi que pour le championnat amateur de mai 1956) ;
- une partie du championnat amateur américain disputé du 25 au 27 mai 1956 (6 rondes), défaite face à Edmund Nash lors la cinquième ronde ;
- trois parties du championnat junior américain disputé du 1er au 7 juillet 1956 (10 rondes)128.

Le premier tournoi de Fischer dont on a conservé toutes ses parties est le championnat open des États-Unis de 1956 disputé du 17 au 28 juillet 1956 (12 rondes).
Les premières parties de Fischer publiées furent :
- la victoire en 24 coups contre Dale Ruth lors du championnat open des États-Unis de 1956, publiée par Isaac Kashdan dans le numéro du 5 août du Los Angeles Times129 ;
- la victoire en 19 coups contre Peter Lapiken lors du championnat open des États-Unis de 1956, parue dans le numéro du 5 août de Chess Life et reprise dans le numéro de septembre de Chess Review21 ;
- la victoire en 29 coups contre Carl Grossguth lors du championnat des États-Unis junior de 1956, parue dans le numéro du 20 août 1956 de Chess Life128.
En 1956 et 1957, Fischer fut enrôlé dans l'équipe du club d'échecs indépendant « Log Cabin », basé à West Orange. Avec ce club, il participa à une tournée de trois semaines en Floride et à La Havane au printemps 1956. Fischer disputa aussi le tournoi open du club en février 1957.
Le 13 juin 1957, à New York, Samuel Reshevsky disputa une partie simultanée à l'aveugle sur dix échiquiers au Club d'échecs de Manhattan. Reshevsky remporta six parties et en perdit quatre, dont une contre Fischer130,131.
Néanmoins, il y a eu d'autres maitres par le passé ( Reveshky Alekhine etc...) et il y a encore d'autres maitres aujourd'hui ( Carlsen, Hikaru, etc... ) Cependant beaucoup pensent que Fischer est LE maitre des échecs . Vrai ou Faux ? Dites le moi dans les commentaires