
Garry Kasparov. La machine
Garry (ou Garri ou Gary) Kimovitch Kasparov (en russe : Гарри Кимович Каспаров), né le 13 avril 1963 à Bakou (RSS d'Azerbaïdjan, URSS), est un joueur d'échecs soviétique puis russe. En exil depuis 2013, il a acquis la nationalité croate en 2014 et vit aujourd'hui à New York.
Treizième champion du monde d'échecs de l'histoire, de 1985 à 2000 et vainqueur de nombreux tournois, il est considéré comme l'un des meilleurs joueurs de l'histoire avec Bobby Fischer, Emanuel Lasker, José Raúl Capablanca, Alexandre Alekhine, Anatoli Karpov et Magnus Carlsen3.
Premier joueur à avoir dépassé les 2 800 points Elo en janvier 1990, il atteint le classement Elo le plus élevé jusqu'alors, avec 2 851 points, en juillet 1999. Ce record ne fut battu que 14 ans plus tard, en 2013, par Magnus Carlsen.
En 2005, Kasparov renonce à reconquérir son titre de champion du monde perdu en 2000. Il s'engage en politique dans l'opposition au président russe Vladimir Poutine. En 2007, le magazine américain Time le place dans la liste des Time 100, une liste des cent personnes les plus influentes dans le monde. En 2012, il devient président de l'ONG Human Rights Foundation, qui promeut les droits de l'homme dans le monde.
Il reste néanmoins impliqué dans l'univers des échecs. Il entraîne pendant un an Magnus Carlsen en 2009, publie trois séries de livres sur les échecs et sa carrière : My Great Predecessors (2003-2006), Garry Kasparov on Modern Chess (2007-2010) et Garry Kasparov on Garry Kasparov (2011-2014), et brigue la présidence de la Fédération internationale des échecs (FIDE) en 2014.
Famille et enfance
Garik Kimovitch Vaïnstein4 (transcription allemande : Weinstein5) nait le 13 avril 1963 d'un père juif, Kim Moïssevitch Vaïnstein4 (ou Weinstein) et d'une mère d'origine arménienne du Haut-Karabagh, Klara Chaguenovna Kasparova6. Ses parents s'étaient rencontrés au laboratoire industriel de Bakou (Azerbaïdjan) où ils travaillaient comme ingénieurs. Le père de Garik était issu d'une famille de musiciens. Le père de Kim, Moïsseï (mort en 1971) était un compositeur et chef d'orchestre. Le frère cadet de Kim Vaïnstein, Léonide Vaïnstein, était compositeur en Azerbaïdjan.
Le père de Garik, opposé à ce qu'il apprenne la musique, lui apprit les échecs lorsqu'il eut cinq ans. Il lui donna également le goût de la géographie7. La mère de Garik lui transmit sa passion pour l'histoire.
Son père tombe malade pendant l'été 1970 et meurt en 19718, à l'âge de trente-neuf ans, d'un lymphome de Hodgkin6. La mère de Garik ne l'emmène pas à l'enterrement et Garik raconte à son école que son père est parti en voyage d'affaires8. Son grand-père maternel, Chaguen, un ouvrier du pétrole et fervent communiste, prend sa retraite en 1971 et s'occupe de Garik. Ils ont ensemble de nombreuses conversations sur le régime soviétique. En 1975, Garik prend le nom de sa mère (qui avait gardé son nom lors du mariage) en russifiant son nom, devenant Garri9 (Garry10 ou Gary11) Kasparov.
En janvier 1990, Kasparov est victime des pogroms anti-arméniens de Bakou (du 13 au 16 janvier) et contraint de fuir la capitale azérie, comme des milliers d'autres personnes d'origine arménienne, en direction de l'Arménie12.
Vie privée
Garri Kasparov a quatre enfants : Polina (née en 1993 de sa première épouse, Macha — Maria Arapova — épousée le 3 mars 198913), Vadim (né en 1997, de sa deuxième épouse Julia), Aida (née en 2006, de sa troisième épouse Daria) et Nickolas (né le 6 juillet 2015, de son épouse Dasha).
Carrière aux échecs
Débuts et formation aux échecs

Garik Vaïnstein apprend à jouer aux échecs avec son père, qui n'a pourtant jamais été un joueur intéressé, alors que sa mère était douée. En septembre 1970, celle-ci était à Moscou, où son père était hospitalisé. Les oncles de Garik, Léonide Vaïnstein et Konstantin Grigorian, l'inscrivent au cercle d'échecs du Palais des pionniers de Bakou14. À la fin de l'année, Garik atteint le grade de joueur de troisième catégorie8. En 1972, il donne une partie simultanée contre des ouvriers du pétrole de Bakou15. En juin 1972, il atteint la phase finale du championnat de blitz adulte de Bakou, marquant neuf points sur neuf dans le tour préliminaire. Pour ce résultat, Garik reçoit le grade de joueur de première catégorie à neuf ans16. En janvier 1973, il termine troisième du championnat junior de Bakou17. En mars 1973, il marque quatre points sur quatre lors d'une tournée de l'équipe junior d'Azerbaïdjan en Lettonie et en Estonie18. En juillet 1973, il participe aux Jeux soviétiques de la jeunesse à Vilnius où il est remarqué par Aleksandr Nikitine, désigné au début de l'année entraîneur de l'équipe nationale d'échecs par le Comité d'État aux sports.
En août 1973, Nikitine recommande Kasparov à Mikhaïl Botvinnik, qui avait décidé, après trois ans d'interruption, de rouvrir l'école Botvinnik, la meilleure école de formation aux échecs d'URSS. Kasparov suit les cours de l'ancien champion du monde, de Nikitine et de Mark Dvoretski19, spécialiste des fins de parties. D'autres maîtres contribuent à sa formation, comme Alexandre Ivanovitch Chakarov20, entre autres dans le domaine des ouvertures. Au fil des années, lors de ses passes d'armes pour le championnat du monde, il sera aidé d'une équipe de « secondants » comme Iossif Dorfman, Zurab Azmaiparashvili, Sergueï Dolmatov, Ievgueni Vladimirov et Iouri Dokhoïan.
Changement de nom (1974-1975)
En 1975, toujours sous le nom de Vaïnstein, Garik termine septième du championnat d'URSS junior (joueurs de moins de 18 ans). Le changement de nom en Garri Kasparov intervient en août 1975, lors d'un conseil des familles Vaïnstein et Kasparov21. La décision revient à la mère de Kasparov, Klara Kasparova, mais c'est l'entraîneur Nikitine qui défend ce changement, dans l'intérêt de la carrière de Garri, qui pourrait être freinée à cause d'un « mauvais nom »22. Dès 1974, avec l'accord de Botvinnik, Garik avait commencé à en parler avec sa mère23. En 1975-1976, les relations entre Israël et l'URSS sont rompues. En 1976, l'URSS boycotte l'olympiade d'échecs de Haïfa, alors qu'elle avait envoyé son équipe à Tel Aviv en 1964.
Premiers succès en URSS (1975-1978)

En octobre-novembre 1975, Garri, sous son nouveau nom, remporte la coupe de la ville de Bakou (adultes) et sa victoire est relayée par l'hebdomadaire de Moscou, 64. En novembre 1975, il rencontre pour la première fois le nouveau champion du monde Anatoli Karpov (alors âgé de 24 ans) lors d'un tournoi de parties simultanées à Moscou. Karpov remporte facilement la partie. En 1976 et 1977, Garri Kasparov devient le plus jeune champion d'URSS junior de l'histoire et est envoyé en France pour disputer les premiers championnats du monde cadets (moins de seize ans). Ce furent ses premiers voyages en dehors de l'URSS.
En janvier-février 1978, il remporte le mémorial Sokolski à Minsk, puis le tournoi de sélection de Daugavpils et se qualifie pour la finale du championnat d'URSS adulte à Tbilissi où il termine neuvième.
Premiers succès internationaux (1979-1983)
En 1979, à l'âge de 16 ans et encore inconnu en Occident, Kasparov remporte son premier tournoi international de grands maîtres à Banja Luka en Yougoslavie, terminant invaincu avec 11,5 points sur 15 devant de grands noms de l'époque comme l'ancien champion du monde Tigran Petrossian et les grand-maîtres András Adorján, Jan Smejkal et Ulf Andersson. En juillet, il obtient son premier classement Elo international, 2 545, ce qui le place au 38e rang mondial24.

En 1980, il remporte le championnat du monde junior et obtient le titre de grand maître international ; l'année suivante, en décembre 1981, il remporte le championnat d'URSS ex æquo avec Lev Psakhis. En 1982, il sort vainqueur du tournoi international de Bugojno et de l'interzonal de Moscou et entre ainsi dans le cycle des candidats au championnat du monde. Dans ce cycle, en 1983, il élimine Aleksandr Beliavski (+4, −1, =4) en quart de finale (Note : ici, et dans la suite de cet article, la notation (+4, –1, =4) signifie un bilan de quatre victoires, une défaite et quatre parties nulles).
En 1983, la demi-finale des candidats contre Viktor Kortchnoï aurait dû se dérouler initialement à Pasadena en Californie sous les auspices de la Fédération internationale des échecs (FIDE). Cependant, les autorités soviétiques refusent de laisser Kasparov se rendre aux États-Unis et la FIDE le déclare perdant par forfait. Le président de la FIDE, le Philippin Florencio Campomanes, parvient cependant à organiser le match à Londres, avec l'accord de Kortchnoï25 qui obtient la fin du boycott organisé par la fédération soviétique et dont il faisait l'objet depuis sa défection à l'ouest en 1976. À Londres, Kasparov élimine Kortchnoï (+4 –1 =6), puis, à Vilnius dans la finale disputée en 1984, l'ancien champion du monde de 1957, Vassily Smyslov (+4 –0 =9).
En janvier 1984, Kasparov occupe la première place au classement Elo, devant le champion du monde Anatoli Karpov.
Vainqueur du championnat du monde face à Karpov (1984-1985)

Kasparov dispute son premier championnat du monde en 1984 à Moscou contre Anatoli Karpov, le champion du monde en titre depuis 1975. Après 5 mois et 48 parties, aucun des deux joueurs ne parvenant à obtenir les 6 victoires nécessaires, ce match interminable est finalement interrompu par la FIDE pour « préserver la santé des joueurs ». Cette interruption est critiquée par Kasparov alors qu'il était mené 5-3 après avoir été mené 5-0, rattrapant son retard sur la fin du match. Les éditions ultérieures prévirent un maximum de 24 parties.
C'est en 1985, lors du deuxième match contre Karpov, qu'il devient champion du monde, à l'âge de 22 ans sur le score de 13-11 (+5, −3, =16)note 1.
Défense du titre mondial (1986-1990)
Après le match de 1985, Anatoli Karpov avait droit à un match revanche l'année suivante. Kasparov conserve son titre (+5 =15 –4) en 1986 lors du championnat disputé dans deux villes : la première moitié à Londres et la fin à Léningrad.
En 1987, Karpov remporte la finale du tournoi des candidats. À la fin de l'année, les deux adversaires disputent leur quatrième match en quatre ans, cette fois-ci à Séville. Kasparov égalise (+4 =16 –4) lors de la vingt-quatrième et dernière partie. Selon les conditions du match, en cas d'égalité au score (12–12) le champion du monde conserve son titre.
Trois ans plus tard, en 1990 à New York et Lyon, Kasparov retrouve Karpov. Deux parties avant la fin du match, Kasparov était sûr de conserver son titre. Les deux dernières parties furent disputées pour décider la répartition des prix, score final : 12,5–11,5 (+4, =11, –3).
Victoire dans la coupe du monde GMA (1988-1989)

En 1986, Kasparov estime que les intérêts des joueurs professionnels ne sont pas défendus au sein de la FIDE, et crée alors avec l'homme d'affaires et mécène néerlandais Bessel Kok une association de joueurs professionnels de haut niveau, la GMA (Grand Master Association) ; celle-ci organise entre 1988 et 1990 des compétitions prestigieuses comme les six tournois de la coupe du monde GMA (1988 — 1989), remportée par Kasparov. Des dissensions internes au sein de l'association, le retrait du principal sponsor (Bessel Kok) et la création de la PCA (Professional Chess Association) ont raison de la GMA au début des années 199026.
Rupture avec la FIDE (1993-1995)
En 1993, Kasparov fonde la Professional Chess Association (PCA) avec le vainqueur du tournoi des candidats FIDE, le britannique Nigel Short27. En septembre, la PCA organise à Londres un championnat du monde dit « classique » en se réclamant de la tradition commencée par Wilhelm Steinitz.
En septembre 1993, Kasparov l'emporte sur Short par le score de 12,5 à 7,5 (+6, =13, –1)note 1 dans le cadre d'un Championnat du monde organisé par la PCA, organisme non reconnu par la FIDE, ce qui lui vaut une exclusion provisoire.

La FIDE ne reconnaît pas ce match et considère que les deux joueurs se sont exclus du cycle du championnat du monde ; elle organise un match entre Anatoli Karpov et Jan Timman pour le titre de Champion du monde FIDE. C'est le début d'un schisme qui dura jusqu'en 2006. Kasparov admit plus tard que cette séparation d'avec la FIDE était une grave erreur26.
La FIDE exclut brièvement Kasparov et Short du classement Elo à titre de représailles, mais les réintègre avant la fin de l'année 1993.
En 1995, Kasparov conserve son titre de champion du monde PCA en battant l'Indien Viswanathan Anand au World Trade Center à New York 10,5 à 7,5 (+4, =13, –1)note 1.
À la recherche de sponsors (1996–1999)
À la suite du retrait du sponsor principal (Intel) de la PCA en 1996, l'organisation du championnat du monde est transférée à l'éphémère World Chess Council en 1998 ; les droits sont ensuite revendus à une organisation privée, Brain Games Network en 2000, puis rachetés en 2002 par le Einstein Group et finalement transférés à Dannemann en 2004.
En 1998, Alekseï Chirov bat Vladimir Kramnik dans un match de 10 parties (+2, –0, =7)note 1, mais Kasparov estime qu'il n'est pas possible de trouver de sponsor pour un match contre Chirov (dont le score contre Garry Kasparov est très mauvais) en raison du peu de suspense lié à un tel match.
En juillet 1999, après ses victoires à Wijk aan Zee (janvier), Linares (février-mars) et Sarajevo (mai), Kasparov atteint un classement Elo record avec 2 851 points. Indépendamment du titre de champion du monde, Kasparov reste no 1 mondial au classement Elo de la FIDE, de 1984 jusqu'à sa retraite en 2005, soit pendant plus de vingt années consécutives, partageant seulement la première place avec Vladimir Kramnik au classement de janvier 199628.
En 1999, il est élu joueur du siècle par le magazine New in Chess29.
Perte du titre mondial (2000)

En 2000, Kasparov remporte une deuxième fois consécutivement les tournois de Wijk aan Zee, de Linares (ex æquo avec Kramnik) et de Sarajevo sans perdre une partie. Après avoir annoncé un match contre Viswanathan Anand en 1999, c'est finalement contre Vladimir Kramnik qu'il défend son titre de champion du monde en 2000 à Londres. Kasparov perd ce match (+0, –2, =13)note 1.
Ancien champion du monde (2001 à 2005)
Après sa défaite, en 2000, Kasparov multiplie les victoires en tournoi, malgré des contre-performances au tournoi de Linares où il est devancé pour la première place par Kramnik ou Péter Lékó en 2003 et 2004. Entre 2000 et 2005, les diverses tentatives pour réunifier le titre mondial (dont la plus sérieuse est l'accord de Prague en 2002) ou d'organiser un match-revanche contre Kramnik échouent.
Retraite des échecs (depuis 2005)
Le 11 mars 2005, après avoir gagné le prestigieux tournoi de Linares pour la neuvième fois de sa carrière, Kasparov annonce qu'il se retire du monde des échecs professionnels. Son nom est rayé du classement Elo en avril 2006, à la suite d'une inactivité de plus d'un an, comme le veut le règlement de la FIDE.
À partir de cette période, Kasparov écrit plusieurs ouvrages échiquéens, publié par la maison d'édition Everyman Chess, dont il devient conseiller éditorial en chef. Ainsi voient le jour les séries de livres My Great Predecessors, en cinq tomes (2003-2006), Kasparov on Modern Chess, en quatre tomes (2007 à 2010) et Garry Kasparov on Garry Kasparov en trois tomes (2011-2014) .
En 2008, en marge du Corsican Circuit, il affronte cinq joueurs corses en partie simultanée et gagne 5-0.
En 2009 et 2010, Kasparov entraîne Magnus Carlsen. D'après Carlsen, leur travail a beaucoup contribué à son accession à la première place du classement mondial FIDE en janvier 201030,31,32,33.
En août 2017, Kasparov participe au tournoi Rapid and Blitz de Saint-Louis, réunissant 4 joueurs du top 10 mondial34,35,36. Son retour à la compétition génère un engouement médiatique autour de l'évènement. Il termine à la 8e place sur 1037.
Candidature à la présidence de la FIDE (2014)
Après avoir soutenu Anatoli Karpov en 2010 à cette élection, Garry Kasparov se porte candidat en 2014 à la présidence de la Fédération internationale des échecs (FIDE) contre le président en place, le russe Kirsan Ilioumjinov38. Les fédérations membres de la FIDE sont appelées à voter en marge de l'Olympiade d'échecs à Tromsø, dans le nord de la Norvège. Kasparov ne recueille 61 voix contre 110 voix pour le président en place, et perd l'élection39,40.
En octobre 2015, il est suspendu de toutes activités à la FIDE pour deux ans au motif de tentative de corruption lors de l'élection à la présidence de la FIDE en 201441,42.
Kasparov et les ordinateurs
Premières confrontations (1985 à 1994)

Dès 1985, Kasparov se passionne pour les jeux d'échecs sur ordinateur et, après avoir participé à l'élaboration de la première version de Chessbase sur micro-ordinateur Atari ST, il en devient le premier utilisateur officiel en 1987 et en fait un outil d'entraînement décisif43,44,45.
Le 22 octobre 1989, il défait facilement par le score de 2-0 Deep Thought, un superordinateur spécialisé dans le jeu d'échecs et capable de calculer 720 000 coups par seconde.
En mai 1994, à Munich, le programme Fritz 3, tournant sur un processeur Pentium à 90 MHz, gagne une partie de blitz dans un tournoi contre Kasparov, et les deux compétiteurs terminent ex æquo. Kasparov le bat dans les parties de départage : 4-1 (+3 =2). En août 1994, lors du premier tour du grand Prix d'Intel à Londres, le champion du monde affronte Chess Genius 2.9 (tournant sur un Pentium à 100 MHz) en jeu semi-rapide (30 min. la partie) et perd 0.5-1.546.
Matchs contre Deep Blue (1996 et 1997)
En février 1996, Kasparov affronte en six parties le supercalculateur Deep Blue, développé par une équipe d'ingénieurs d'IBM sous la direction de Feng-hsiung Hsu, fonctionnant avec 256 processeurs en parallèle et capable de calculer entre 50 et 100 millions de positions par seconde. Il perd la première partie du match, en gagne trois ensuite et annule les autres46.
Cependant, en mai 1997, Kasparov perd le match revanche contre Deeper Blue, la version améliorée de Deep Blue, capable de calculer de 100 à 300 millions de positions par seconde. Deeper Blue défait Kasparov 3,5 à 2,5 dans un match de six parties ; c'est la première fois qu'un ordinateur bat officiellement un champion du monde en match singulier à cadence normale de compétition. Lors de ce match, Kasparov fut perturbé par un coup de l'ordinateur qu'il ne comprit pas et le prit pour un coup suggéré par un grand maître humain ; il s'avéra plus tard que ce fameux coup était en fait un bug informatique de Deeper Blue et non le produit d'une stratégie programmée47.
Portails et plateformes internet
En 1999, Kasparov fonde la société « Kasparov Chess Online », un fournisseur de services en ligne payants (jeu en ligne), fermé en 2002 faute de financements.
En 2017, il ouvre un nouveau portail, « MasterClass, Kasparov Teaches Chess Online »48.
Matchs exhibition (2003)

En janvier 2003, Kasparov affronte Deep Junior, un programme tournant sur un micro-ordinateur multiprocesseur, dans un match de championnat du monde homme-machine sous les auspices de la FIDE, avec une bourse d'un million de dollars américains49 ; avec une victoire de part et d'autre le match se solde finalement par un nul 3-3 (+1, −1, =4). Pour la première fois, un programme sur PC gagne une partie avec les noirs contre le champion du monde à une cadence de tournoi50.
En novembre 2003, Kasparov joue un match de quatre parties contre le programme X3D Fritz, dont le classement Elo est estimé à 2 807, en utilisant un échiquier virtuel, des lunettes stéréoscopiques et un système de reconnaissance de la parole. Le match se solde à nouveau par un nul (+1, −1, =2) et Kasparov emporte la bourse de 175 000 dollars.
Logiciels développés avec Kasparov ou utilisant son nom
Kasparov a prêté son nom à plusieurs logiciels d'échecs ;
- Kasparov's Gambit, 1993, développé en coopération avec Kasparov51 ;
- Virtual Kasparov, 2002 ;
- Kasparov Chessmate, 2003, avec Kasparov crédité comme « co-designer ».
Engagement politique
Années 1980 et 1990

En 1987, Kasparov est élu au Komsomol, l'organisation de jeunesse du Parti communiste de l'Union soviétique. Il quitte le parti en 1990, soutient Boris Eltsine au nom du Parti démocratique de Russie et est décoré du Keeper of the Flame award, décerné par le cercle de réflexion Center for Security Policy, proche des milieux néoconservateurs américains. Il entretient des liens avec des cercles de réflexion de la même obédience, comme l’Hudson Institute52.
En juin 1993, Kasparov est impliqué dans la création du bloc de partis « Choix de la Russie » qui participe aux élections législatives de décembre 1993. Ce mouvement est suivi de 1994 à 2001 par le « choix démocratique de la Russie ». Kasparov prend part en 1996 à la campagne électorale de Boris Eltsine.
Depuis 2005
En 2005, Kasparov abandonne la compétition échiquéenne après sa neuvième victoire au tournoi de Linares. Il poursuit depuis une carrière politique en Russie. Fondateur du Front civique unifié, il est l'un des chefs du mouvement L'Autre Russie, une coalition d'opposants à Vladimir Poutine. Il a été notamment brièvement interpellé lors d'une manifestation du mouvement à Moscou le 14 avril 200753.


Kasparov a été arrêté une nouvelle fois le 24 novembre 200754 lors d'une manifestation à Moscou contre la tenue le 2 décembre 2007 d'élections législatives russes qu'il juge « injustes »54, et condamné en comparution immédiate à cinq jours d'emprisonnement pour manifestation non autorisée et refus d'obéir aux ordres de la police. Son avocate, Me Mikhaïlova, a précisé qu'elle avait déposé plainte contre cette arrestation arbitraire. « Notre but est le démantèlement de ce régime qui couvre le pays de honte et le déteste. […] Nous allons sortir de ce marécage de corruption et de mensonge et nous gagnerons ! », avait lancé à la foule Garry Kasparov peu avant son interpellation55,56.
Depuis, son engagement politique en opposition contre le président Vladimir Poutine, Kasparov se dit inquiet pour sa vie. Il a par exemple en permanence cinq gardes du corps et ne voyage plus avec la compagnie nationale Aeroflot57.
Kasparov est également un des défenseurs de la théorie historique de la Nouvelle Chronologie de l'académicien russe Anatoli Fomenko58.
En mai 2007, le magazine américain Time le place dans la liste des Time 100, une liste des cent personnes les plus influentes dans le monde59 pour sa lutte contre l'autoritarisme en Russie60.
Le 30 septembre 2007, il est désigné comme le candidat du mouvement d'opposition L'Autre Russie à l'élection présidentielle de 2008 en Russie61. Le 12 décembre, il annonce son retrait de la course à la présidence, s'estimant victime d'ostracisme62. Le 18 janvier 2008, Kasparov publie dans le quotidien Le Monde un article dans lequel il critique durement la complaisance de Nicolas Sarkozy envers Vladimir Poutine et les dangers que celle-ci présente à ses yeux63. Le 19 août 2008, Kasparov, Boris Nemtsov et d'autres personnalités de l'opposition, dénoncent « la décision aventuriste » du président russe Dmitri Medvedev de lancer une invasion de la Géorgie au-delà de l'Ossétie du Sud. Elle risque selon eux d'isoler la Russie sur la scène internationale64.
Le 13 décembre 2008, Kasparov annonce la naissance de son nouveau parti politique : Solidarnost. Le parti rassemble des membres de l'union des forces de droite ainsi que des partisans de l'ancien premier ministre Mikhaïl Kassianov65.
Le 24 décembre 2011, l'ancien champion du monde participe au troisième rallye de l'opposition à Moscou pour contester les résultats des élections législatives russes de 2011.
Exil de Russie
Le 17 août 2012, Kasparov est interpellé puis relâché par la police russe après des échauffourées devant le tribunal après le verdict condamnant le groupe punk les Pussy Riot à deux ans de prison66. Se sachant menacé, Kasparov choisit de s'exiler en 2013 d'abord en Suisse, puis aux États-Unis67.
Il devient président de l'ONG Human Rights Foundation68.
En 2013, il reçoit le Prix des droits de l'homme de l'ONG UN Watch69.
Garry Kasparov obtient la citoyenneté et le passeport croate le 3 mars 2014 à la suite d'une recommandation du ministère des Anciens combattants de la guerre d'indépendance (1991-1995)2.
Le 3 avril 2017, suite à l'attentat du métro de Saint-Pétersbourg, Kasparov insinue une possible manipulation du FSB et de Vladimir Poutine dans l'attentat70,71,72.
Il vit aujourd'hui à New York73
Palmarès

Les tables suivantes donnent les résultats et les scores de Garry Kasparov dans les tournois74.
Tournois et matchs à cadence lente
1975 – 1982 : champion d'URSS et champion du monde junior
Dans toute la carrière de Kasparov, les seuls tournois individuels à cadence lente où il ne se classa pas parmi les trois premiers, furent le championnat d'URSS junior 1975 (il finit 7e-10e), le tournoi de maîtres de Bakou 1976, la ligue supérieure du championnat d'URSS 1978 (il finit neuvième sur dix-huit joueurs), le tournoi international de Tilburg 1981 (il termina 6e-8e avec la moitié des points) et le tournoi de Horgen en 1995 (il finit cinquième sur onze joueurs avec la moitié des points)75.
Le tournoi de maîtres de Bakou 1976, le tournoi de qualification junior de Léningrad en 1977, les championnats d'URSS 1978 et 1979 et le tournoi international de Tilburg 1981 sont les seuls tournois dans la carrière de Kasparov où il perdit plus de deux parties.
Lors des olympiades d'échecs, Kasparov reçut la médaille de bronze individuelle à Malte en 1980 (2e remplaçant) et à Lucerne en 1982 (2e échiquier). Après toutes ces années d'échecs, Garry Kasparov est un joueur d'échecs très reconnu mondialement. Lors de ces derniers mois, Garry Kasparov a été capitaine de l'Europe pendant la Fide-Online-Nations-Cup. Malheureusement, l'Europe n'a pas pu se qualifier. Garry Kasparov est devenu quand même un grand maitre d'échecs . Il a marqué son époque. Alors ? A votre avis, Est-ce que Garry Kasparov malgré son manque d'entrainement, peut se remettre aux échecs ?