Défense Pirc
La défense Pirc est l'arme hypermoderne par excellence contre le coup 1.e4. Relativement récente, elle vise à réaliser rapidement un fianchetto côté roi. De très forts joueurs tels que Vladimir Kramnik et Shakhriyar Mamedyarov l'emploient régulièrement lorsqu'ils veulent jouer le gain avec les noirs.
Bien qu'elle puisse être jouée à tous niveaux, les débutants devront la manier avec une prudence toute particulière. Comme dans toutes les ouvertures hypermodernes, les blancs peuvent utiliser leur contrôle central pour écraser rapidement le joueur mal préparé.
Position de départ
La défense Pirc (se prononce d'ailleurs "Pirts" et non "Pirk") est caractérisée par les coups 1.e4 d6. Au lieu d'occuper immédiatement le centre avec un pion, les noirs vont tenter de le contrôler à distance. L'idée sous-jacente est de placer le fou de cases noires en fianchetto en g7.
Les noirs laissent donc les blancs prendre tout le centre avec leurs pions, mais avec l'idée d'attaquer ce centre un peu plus tard. Dans cette entreprise de démolition des cases noires, les coups ...e5 ou ...c5 seront généralement de la partie .
Avantages
- Les noirs ont beaucoup de libertés dans leur choix de plan
- Système piégeux et actif
- Ouverture provocante
Inconvénients
- Les blancs ont de nombreuses options intéressantes
- Certaines de ces options mènent à des attaques très brutales
- Ils peuvent également choisir de jouer calmement en restreignant progressivement le jeu noir
Les principales variantes de la défense Pirc
La défense Pirc est relativement récente dans l'histoire des échecs. A ce titre, elle ne bénéficie pas d'un corpus théorique aussi imposant que les ouvertures plus classiques. Retrouvez ci-dessous ses principales variantes, généralement dictées par les blancs.
Ligne principale
La ligne principale de la Pirc suit l'ordre de coups 1.e4 d6 2.d4 Cf6 3.Cc3 g6. Les noirs laissent les blancs prendre le centre, espérant mener une contre-attaque. Le fou en fianchetto et la future rupture ...e5 (ou ...c5), vont mettre à mal le centre blanc. L'expansion à l'aile dame par ...a6/c6 suivi de ...b5 est également courante.
Attaque autrichienne
L'attaque autrichienne est la manière la plus agressive de faire face à la défense Pirc. Avec les coups 1.e4 d6 2.d4 Cf6 3.Cc3 g6 4.f4, les blancs prennent énormément d'espace au centre. Après avoir développé leurs pièces, ils vont lancer l'attaque avec la poussée e5. Les noirs, de leur côté, vont devoir prouver que les pions blancs ont été poussés trop loin de leur base.
Variante classique
Ce système est caractérisé par les coups 1.e4 d6 2.d4 Cf6 3.Cc3 g6 4.Cf3. Les blancs optent pour un plan moins ambitieux, développant simplement leurs pièces et acceptant un contrôle moins robuste du centre. Par conséquent, les noirs vont avoir plus de mal à générer du contre-jeu via une rupture centrale. Cela dit, les blancs vont également avoir moins de chances de gain contre un jeu précis des noirs.
Attaque 150
L'attaque 150 survient après les coups 1.e4 d6 2.d4 Cf6 3.Cc3 g6 4.Fe3. L'idée des blancs est de placer leur dame en d2 pour créer une batterie qui va mener à l'échange des fous de cases noires. Après cet échange, les blancs veulent exploiter les cases noires affaiblies autour du roi adverse.
Cette variante tient son nom d'un trait d'humour des maîtres britanniques l'ayant analysée. La jugeant très simple, ils ont conclu que n'importe quel joueur de club classé 150 ECF (environ 1800 FIDE) pouvait obtenir une très bonne position contre un grand-maître grâce à cette ouverture.
Variante Byrne
La variante Byrne commence par les coups 1.e4 d6 2.d4 Cf6 3.Cc3 g6 4.Fg5. Ses idées sont similaires à celles de l'attaque autrichienne, mais les blancs vont ici développer leur fou de cases noires avec de jouer la poussée f4. Les blancs peuvent ensuite créer une batterie avec la dame en d2 pour tenter d'échanger le fou g7, comme dans l'attaque 150, ou bien se développer simplement pour parer au mieux la rupture centrale noire à venir.
Système Sveshnikov
Le système Sveshnikov est caractérisé par les coups 1.e4 d6 2.d4 Cf6 3.Cc3 g6 4.g3. Les blancs optent pour une approche plus positionnelle, avec l'idée de renforcer leur contrôle central en plaçant leur fou de cases blanches sur la grande diagonale. Généralement, leur cavalier-roi va ensuite se développer en e2 plutôt que f3.
Historique
Bien qu'on ait trace de parties jouées dans cette ouverture dès le milieu du XIXème siècle, ce n'est qu'un siècle plus tard qu'elle va vraiment se démocratiser. Le grand-maître yougoslave (slovène) Vasja Pirc est sans surprise le principal responsable de cet essor.
Avant le XXème siècle, les théoriciens classiques considéraient qu'occuper le centre dès le premier coup était la seule manière viable de jouer l'ouverture. Ce n'est que dans les années 1920 que des joueurs tels que Aron Nimzowitsch, Richard Reti, Efim Bogoljubov et Pirc ont introduit les concepts des échecs dits "hypermodernes".
Selon ces maîtres, il n'est pas nécessaire d'occuper le centre avec des pions, tant qu'on le contrôle avec des pièces. Ils veulent provoquer leur adversaire à trop pousser leurs pions centraux, puis attaquer depuis les ailes les faiblesses ainsi générées.
Alors que cette école de pensée gagne en popularité, dans la première partie du XXème siècle, des défenses telles que la Pirc, l'est-indienne, l'ouest-indienne ou encore la nimzo-indienne vont obtenir leurs galons de respectabilité. La popularité de la Pirc va atteindre son apogée au cœur des années 70, avant de décliner au début du XXIème siècle. Elle reste toutefois jouée de temps en temps par les joueurs de l'élite.