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Carlsen inarrêtable ; Goryachkina à un pas de la finale !
Carlsen semble au sommet de sa forme à Bakou. Photos : Maria Emelianova/Chess.com.

Carlsen inarrêtable ; Goryachkina à un pas de la finale !

VSaravanan
| 0 | Couverture d’événements d’échecs

Magnus Carlsen a enchainé un quatrième succès de rang en classique en faisant parler sa technique exceptionnelle en finale contre Dommaraju Gukesh. Cette victoire avec les pièces noires place le numéro 1 mondial en excellente position pour se projeter en demi-finale de la Coupe du Monde FIDE 2023Arjun Erigaisi a également pris une sérieuse option sur la qualification en réalisant un chef d'œuvre avec les noirs contre son compatriote Rameshbabu Praggnanandhaa.

Fabiano Caruana - longtemps perdant - et Nijat Abasov ont souffert contre respectivement Leinier Dominguez et Vidit Gujrathi pour glaner la nulle en finale.

Dans la Coupe du Monde Féminine, Aleksandra Goryachkina a fait parler toute sa classe pour prendre le dessus sur  Zhongyi Tan et s'approcher de la grande finale. L'autre duel entre Anna Muzychuk et Nurgyul Salimova s'est soldé par le partage du point après une belle bataille en milieu de jeu.

La compétition se poursuit mercredi 16 août à partir de 13:00, heure de Paris.

  
Comment suivre la Coupe du Monde FIDE 2023 
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La retransmission avec aux commentaires Kévin Bordi.

Section mixte

La présence de quatre joueurs indiens sur scène en ce 77ème anniversaire de l'indépendance du pays constitue un accomplissement remarquable. Lors d'un discours prononcé à l'occasion d'un événement, l'ancien champion du monde Viswanathan Anand a qualifié ce "moment d'historique pour les échecs indiens".

Les affiches étaient alléchantes : l'ogre Carlsen, 32 ans, contre l'étoile montante Gukesh, 17 ans ; deux outsiders spécialistes des départages, Vidit et Abasov ; un duel 100% américain entre Dominguez et Caruana ; et enfin deux amis opposés, Arjun et Praggnanandhaa.

Gukesh-Carlsen :

Au moment du coup d'envoi, le GM Vallejo Pons s'est fendu d'un tweet plein d'esprit sur la situation au sommet échiquéen :

Si Magnus a semblé quelque peu démotivé dans les tournois classiques ces derniers temps, le meilleur joueur du monde est un Magnus motivé ; le deuxième meilleur est un Magnus démotivé.

Carlsen a déclaré après la partie qu'il "se sentait vraiment très bien et assurément d'humeur combative". Nous avons donc eu droit à un Carlsen motivé devant l'échiquier et l'assertion du GM espagnol n'a pas été démentie.

Jouer une ouverture obscure, prendre en toute tranquillité des décisions difficiles en milieu de jeu et arracher la victoire dans une finale très proche de l'égalité, en somme "faire du Carlsen", tel fut le menu de la journée.

Carlsen s'est montré impitoyable. Photo : Maria Emelianova/Chess.com.

Les événements ont rapidement pris une tournure excitante avec une position rare atteinte dès le quatrième coup :

Il est intéressant de noter que, d'après ses échanges avec Carlsen lors des premiers tours de cette même Coupe du Monde, le GM et commentateur Howell a révélé le point de vue du Norvégien sur le jeu de son adversaire du jour : "Oh Gukesh ! Il n'obtient jamais grand-chose de l'ouverture, mais il joue toujours avec beaucoup d'énergie".

Ainsi, le numéro 1 mondial a décidé de désamorcer les tentatives de son rival pour compliquer la position en début de milieu de jeu :

Carlsen a simplifié pour transposer dans une finale complexe - son territoire de prédilection - après 10...Cxd5 11.Dxg7 Df6 :

Une journée difficile pour Gukesh. Photo : Maria Emelianova/Chess.com.

Vidit-Abasov:

Les parties venaient de commencer quand Howell a fait remarquer un détail important : "Abasov est arrivé avec quelques minutes de retard, ce qui est en fait contraire au règlement du tournoi". Il faisait référence au règlement spécifique ci-dessous :

4.4.3. Un joueur qui arrive dans l'aire de jeu après l'heure de début effective de sa partie se verra déduire cinq cents (500) USD de ses gains. Un joueur qui arrive dans l'aire de jeu plus de 15 minutes après l'heure effective de début de sa partie perdra sa partie par défaut, mais sans pénalité financière.

Abasov a perdu quelques dollars en cours de route. Photo : Maria Emelianova/Chess.com.

Avec à son tableau de chasse : Laurent Fressinet, Anish GiriPeter Svidler, et Salem Saleh - les 3 premiers terrassés en départages - Abasov apparait comme la révélation de l'événement. En comparaison, Vidit n'a éliminé qu'un seul jouer mieux classé que lui, Ian Nepomniachtchi, mais est également passé par la case départages à trois reprises. 

Le joueur azéri est arrivé devant l'échiquier armé d'une nouveauté théorique dès le huitième coup :

Dans une variante peu courante de la Rossolimo, le 8...Ch6 d'Abasov semblait lui assurer l'égalité au fur et à mesure que la partie se développait. Howell observa : "Avec une série d'excellents coups d'ordinateur, je suppose qu'il a trouvé son chemin vers une position raisonnable". 

Cependant, Leko a apporté une nuance quant à son évaluation de la position après le 21.e4 des blancs : "Abasov a des problèmes stratégiques à long terme. Pour justifier sa position, il doit donc faire preuve d'énergie".

Petit à petit, Vidit a fait des progrès considérables en exploitant les faiblesses adverses, mais cela ne s'est pas avéré suffisant au terme d'une lutte de 109 (!) coups :

Praggnanandhaa-Arjun:

La partie la plus intéressante de la journée sur le plan du contenu a été celle opposant les deux Indiens. Après la partie, Arjun a évoqué les discussions qu'il avait eues avec son adversaire au cours de leur longue promenade de la veille :

Nous avons parlé de tout sauf d'échecs. Nous nous sommes préparés individuellement, bien sûr. Nous voulions simplement nous détendre.

Après une assez longue séquence de manœuvres, la partie s'est animée brutalement à l'approche du zeitnot :

Arjun a saisi sa chance et changé le caractère de la position avec 34...d4!, suivi de 35.e4 et du très inspiré sacrifice de cavalier : Cxg3!?.

"Arjun Erigaisi est une superstar ! Quel coup !" s'est exclamé Howell. 

"Une prestation incroyable de la part d'Arjun", a renchéri Leko.

Arjun Erigaisi est une superstar ! Quel coup !

— David Howell

Cette master class est notre partie du jour analysée par le GM Dejan Bojkov :

Arjun auteur d'une des plus belle parties de l'année. Photo : Maria Emelianova/Chess.com.

Dominguez-Caruana:

L'affrontement entre les deux Américain avait une saveur particulière puisque Dominguez a été le secondant de Caruana lors de son match de Championnat du Monde contre Carlsen en 2018. Dominguez avait déclaré avant la partie : "Il est évident qu'il est le favori, mais je ne pense pas trop à cela. J'ai des chances et je vais essayer de faire de mon mieux et de les utiliser."

Dominguez a tenu parole, surtout après avoir été surpris par une nouveauté typique de Caruana dès le septième coup dans une position théorique de la Partie Italienne :

Les noirs cherchent simplement à jouer ...c7-c5 pour contrôler le centre, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles positions dans cette partie cruciale, où Caruana semblait prendre l'ascendant psychologique. Cependant, Dominguez a répondu solidement et Leko a fait l'éloge de son jeu lors de la transition entre la phase d'ouverture et la phase de milieu de partie qui a suivi :

Leko a particulièrement apprécié le coup 22.Db2 de Dominguez, prédisant que la pression sur e5 allait forcément donner aux blancs un avantage dans la lutte qui s'ensuivrait. 

Dominguez-Caruana, une bataille intense qui laissera des regrets au premier nommé. Photo : Maria Emelianova/Chess.com.

Tableau de la Coupe du Monde

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Section féminine :

Muzychuk-Salimova:

Auteure d'un parcours remarquable, Salimova faisait face à un nouveau gros test avec les pièces noires contre une multiple championne du monde de cadence rapide et blitz.

Toutefois, Muzychuk est apparue mieux préparée, prenant rapidement une trentaine de minutes d'avance à la pendule dans l'ouverture.

Les commentateurs se sont alors montrés sceptiques quant aux chances de Salimova de s'en sortir mais elle les a fait mentir, se montrant inspirée en milieu de jeu :

Malgré un pion en moins et des pièces mal coordonnées en apparence, Salimova a monté une contre-attaque ingénieuse avec 21...h5, qui s'est avérée être sa planche de salut pour sécuriser la nulle.

La jeune joueuse bulgare pourra désormais prendre sa chance avec les blancs pour rêver d'une place en finale, improbable en début de compétition.  

Muzychuk-Salimova, une bataille très complexe où chacune a fait valoir ses forces. Photo : Maria Emelianova/Chess.com.

Tan-Goryachkina:

Dans une variante à la mode du Gambit Dame refusé avec une structure Carlsbad, les blancs ont joué à la fois 9.h3 et 12.f3, une façon inhabituelle de traiter la position. L'énergique 18...h5! de Goryachkina fut le tournant de la partie, permettant à la joueuse russe de prendre l'initiative :

Les noirs menaçaient de déloger le cavalier blanc avec 19...g6, suite à quoi ils ont resserré leur emprise sur la position, même s'ils ont manqué le gain dans la foulée. Néanmoins, Goryachkina a profité d'une erreur de Tan au moment d'entrer en finale pour reprendre les commandes et concrétiser sans trembler.

Tableau de la Coupe du Monde féminine


Toutes les parties

La Coupe du Monde et la Coupe du Monde Féminine FIDE 2023 qui se déroulent à Bakou, en Azerbaïdjan, délivrent trois places pour le tournoi des Candidats 2024 et trois autres pour le tournoi des Candidates 2024. L'action commence le 30 juillet et se termine le 24 août, avec une dotation combinée de 2,5 millions de dollars.


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