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Incroyable remontada des Gnomes, tour de magie des Wizards !

Incroyable remontada des Gnomes, tour de magie des Wizards !

JackRodgers
| 0 | Couverture d’événements d’échecs

La Pro Chess League était de retour ce mercredi avec deux matchs haletants. Les Levitov Chess Wizards et les Norway Gnomes ont respectivement remporté leur match dans des styles résolument opposés.

Forts de la meilleure moyenne Elo, les Wizards ont réalisé une performance de haute volée en dominant les Garden State Passers pour l'emporter 10 à 6. Le GMI Denis Lazavik s'est mis en évidence avec un score de 3,5/4, ne concédant qu'une nulle à Sam Sevian, "carry" incontesté de son équipe avec zéro défaite.

Les norvégiens, qui présentaient notamment la MI Anna Rudolf dans leur line-up de départ, venait à bout des Spanish Maniac Squids au terme d'un affrontement homérique : 8-8 après 4 rondes ! En départages, c'est une terrible gaffe du GMI Miguel Santos Ruiz contre son homologue anglais Gawain Jones qui mettait un terme aux débats.

Prochain rendez-vous de Pro Chess League (et non plus PRO Chess League), jeudi 16 février à 16h30, heure de Paris. Au menu, MGD1 contre l'équipe Blitz, et les Berlin Bears face aux Gotham Knights.

Où regarder ?
Vous pouvez suivre la Pro Chess League sur la Chess.com/TV, sur notre chaine Twitch avec les commentaires de nos experts en français et toutes nos retransmissions en direct sur YouTube.com/ChesscomLive. Les parties sont disponibles sur notre page événement.

La retransmission de la première journée avec aux commentaires le GMI Laurent Fressinet et le MI Kévin Terrieux.

Levitov Chess Wizards 10 - 6 Garden State Passers

Lors de l'annonce des équipes la semaine passée, il est rapidement apparu que l'armada russe, forte des GMIs Shakhriyar Mamedyarov, Daniil Dubov et Alexey Sarana ainsi que des top-féminines Alexandra Kosteniuk et Valentina Gunina, serait très difficile à battre.

Mais leur moyenne Elo globale de 2606 pose problème : en effet, le règlement stipule qu'il est interdit de dépasser 2550 à la moyenne des quatre joueurs alignés. Cependant, le dilemme a été résolu avec brio ce mercredi par le sélectionneur Denis Lazavik.

Une équipe que l'on verrait bien gagner une Olympiade !

Alors qu'il est lui-même le plus petit Elo masculin de son équipe, le jeune biélorusse brillait de mille feux et réalisait un score impressionnant : 3,5/4 ! Dès la première ronde, il mettait à mal le GMI Gadir Guseinov et permettait aux magiciens de mener 3 à 1.

La victoire de David Paravyan avec les noirs face à Alexander Lenderman était tout aussi impressionnante. La Trompowsky de l'américain était rapidement réduite en cendres. Le moment-clef de la ronde survenait cependant lorsque Mamedyarov, opposé au plus faible Elo de l'équipe adverse, Trisha Kanyamarala, gaffait sa dame en zeitnot. Pressée par le temps, la jeune irlandaise ratait la tactique gagnante et laissait l'avantage à son illustre rival.

Sans super-GMIs, les Garden State Passers devaient proposer une performance homogène sur les trois échiquiers du haut. Et avec un score de 3,5/4, leur leader Sam Sevian ne décevait pas.

Sevian a proposé un jeu excellent ce mercredi. Photo : Lennart Ootes/Saint Louis Chess Club.

Les deux hommes en forme du jour s'affrontait à la seconde ronde et annulaient en 65 coups. Sevian ratait cependant une manière très instructive de remporter la célèbre finale roi+ pions, et permettait aux Wizards de gagner la manche 2,5 à 1,5.

Désormais menés 2,5 à 5,5, les Passers du capitaine James Canty devaient absolument remporter la troisième ronde pour rester dans le match. Sevian et Lenderman faisaient le travail en remportant leurs parties respectives face à Paravyan et Gunina. Dans le duel des "arméniens", Sevian faisait montre d'une technique impeccable en finale dame contre tour et pion.

Pour les romantiques, la masterclass offensive de Lenderman face à Gunina était le moment fort de la ronde. Une série de sacrifices ultra-brutaux laissait le roi de la russe dans une situation désespérée au centre de l'échiquier.

Cette victoire par la plus petite des marges permettait aux Passers de rester dans le coup, mais il leur fallait encore remporter la dernière par 3,5 à 0,5 pour s'imposer, ou 3-1 pour jouer les départages. Et si Sevian dominait Mamedyarov au premier échiquier au terme d'une partie d'attaque qui restera dans annales de la Pro Chess League, ses coéquipiers ne parvenaient pas à faire la différence. Pire, Lzavik et Gunina remportaient leurs parties pour offrir une convaincante victoire 10-6 aux Wizards.

Malgré la défaite de son équipe, rendons ici hommage à la superbe partie de Sevian contre le numéro 1 azéri. Une analyse signée Rafael Leitao.

  

Spanish Maniac Shrimps 9,5 - 10,5 Norway Gnomes 

La deuxième partie du jour fut un véritable thriller à l'américaine. "La plus incroyable demi-heure d'échecs en ligne de l'histoire" selon notre commentateur Daniel Naroditsky !

Dès le départ, les Shrimps et les Gnomes se rendaient coup pour coup. La première ronde partait du côté norvégien sur le score de 2,5 à 1,5. Le GMI Pranav Venkatesh proposait la rare attaque millenium contre la défense russe de Ruiz et l'emportait avec brio. Les premiers échiquiers des deux équipes, Saleh Salem et Eduardo Iturrizaga Bonelli, remportaient tous deux leurs parties.

Dans la deuxième, les scores étaient inversés, et notre commentatrice indienne prédisait avec une grande précision un match très serré. Iturrizaga et Ruiz scoraient côté espagnol, mettant en lumière les faiblesses adverses. Pranav, qui tombait face au GMI vénézuélien, se montrait trop ambitieux dans son avancée sur l'aile roi et en payait le prix en finale. La seule nulle de la ronde survenait à l'issue d'une brillante pointe tactique :

Score de parité à mi-parcours, et tension maximale, avec victoire possible pour les deux camps dès la troisième ronde. Cependant, les Gnomes s'imposait par 2,5 à 1,5, laissant les espagnols dans le match.

Les victoires de Pranav et du GMI Jose Ibarra contre les féminines adverses laissaient toute la pression sur les deux premiers échiquiers. Saleh était le héros de la ronde, battant Ruiz avec les blancs à l'issue d'une nimzo-indienne particulièrement enlevée.

Le match restait incroyablement serré dans la dernière ronde, les crevettes parvenant à revenir au score avec une victoire 2,5-1,5. Après une nulle entre les deux féminines au quatrième échiquier, Iturrizaga obtenait une position gagnante face à Saleh. Une lueur d'espoir qui remettait son équipe dans le droit chemin. Pranav l'emportait à nouveau au troisième, et tous les regards se tournaient alors vers la partie Jones-Ruiz.

Dos au mur, Ruiz devait gagner une finale de tour d'apparence très égale. Une tâche impossible ? Caïssa ne l'entendait pas de cette oreille, et Jones jouait la terrible gaffe 69.Rc4??, sombrant instantanément dans une position complètement perdante. Notons que 69.Rd2 lui aurait permis d'annuler tranquillement et d'offrir la victoire à son équipe.

Jones, livide, se remobilisait rapidement pour les départages.

En bon professionnel, Jones s'est remis rapidement de son erreur. Photo : Maria Emelianova/Chess.com

Pour la première fois cette saison, les départages en cadence blitz étaient de rigueur. Encore une fois, score de parité après trois parties : 1,5 à 1,5. Plus qu'une partie : Jones contre Ruiz...

L'histoire semblait se répéter, les deux hommes entrant à nouveau dans une finale de tours complètement égale. Soudain, Jones, en difficulté au temps, gaffait et son adversaire le forçait à sacrifier sa tour contre un pion. Las, une invraisemblable gaffe de l'espagnol laissait sa propre tour en prise !

Voilà pourquoi j'apprends à mes élèves à ne jamais abandonner. Tout peut arriver, surtout en ligne. Si vous vous battez jusqu'au bout, votre persévérance finira par être récompensée. Comme lors de ma partie contre Mamedyarov, à Wijk en 2016 ! - Pavel Eljanov

Soudain, la position n'était ni gagnante, ni même égale. Avec un pion d'avance, Jones n'avait plus qu'un coup à jouer pour forcer l'abandon adverse devant une audience médusée.

Les Gnomes l'emportent donc par la plus petite des marges : 10,5 à 9,5. Jones reconnaitra en interview d'après-partie que ce thriller figure parmi les trois moments les plus fous de sa carrière !

Toutes les parties

La Pro Chess League (PCL) est la compétition par équipes d'échecs en ligne la plus importante du monde. L'événement met en scène 16 équipes dont les joueurs s'affrontent dans des parties rapides afin de se battre pour les 150 000 $ de prix.

Le Maint Event se poursuivra tout au long des mois de février et mars et mettra en vedette des joueurs de haut niveau comme Magnus Carlsen, Hikaru Nakamura et MVL.

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