Défense sicilienne
La défense sicilienne est la réponse la plus populaire contre le coup 1.e4. Jouée par les maîtres comme par les débutants, cette défense a une excellente réputation positionnelle, mais elle est avant tout une ouverture de combat menant à des parties dynamiques et tendues.
L'une des plus anciennes ouvertures existantes, la sicilienne jouit d'un corpus théorique très profond, et a été jouée par la grande majorité des meilleurs joueurs de l'histoire. Les champions du monde Bobby Fischer, Garry Kasparov, Viswanathan Anand, Vladimir Kramnik et Magnus Carlsen, entre autres, en sont de fervents partisans.
Position de départ
La défense sicilienne survient après les coups 1.e4 c5. Les noirs choisissent de déséquilibrer la position dès le premier coup, l'idée étant de combattre pour le contrôle du centre (et plus précisément, de la case d4) avec un pion de l'aile.
Les noirs prévoient de pousser plus tard les pions d et e pour contrôler des cases critiques. Souvent, les blancs vont mettre la pression sur une aile de l'échiquier, tandis que les noirs vont se battre pour dominer l'autre aile. Un équilibre dynamique qui mène généralement à des parties riches au terme desquelles les résultats décisifs sont nombreux.
Avantages
- Crée des positions déséquilibrées
- Offre de bonnes chances d'attaque
- Permet de viser la victoire avec les pièces noirs
Inconvénients
- Les blancs ont de nombreuses réponses possibles
- Les blancs obtiennent de très bonnes chances d'attaque dans les grandes lignes
- Théorie très volumineuse
Les principales variantes de la défense sicilienne
S'agissant de l'une des plus vénérables et respectées ouvertures des échecs, la sicilienne jouit d'un très important corpus théorique. Les variantes sont nombreuses, et chacune d'entre elles a été disséquée avec soin. Retrouvez ci-dessous quelques unes des variantes les plus jouées :
La variante fermée
Face à la sicilienne, les blancs peuvent soit ouvrir, soit fermer la position. La variante fermée n'est pas la plus courante, mais elle reste très populaire, et fut notamment l'arme de choix du champion du monde Boris Spassky avec les blancs. Elle survient après les coups 1.e4 c5 2.Cc3. Les blancs montrent qu'ils n'ont pas l'intention d'ouvrir immédiatement le centre. Dans les lignes principales de cette variante, ils vont généralement tenter une expansion à l'aile roi.
La variante ouverte
La variante ouverte est la plus courante contre la sicilienne. Elle survient après les coups 1.e4 c5 2.Cf3 d6 3.d4 cxd4 4.Cxd4 ou 1.e4 c5 2.Cf3 Cc6 3.d4. Comme le suggère son nom, elle mène à des parties plus ouvertes, et donc plus tactiques. Les blancs prennent immédiatement de l'espace et se battent pour le contrôle du centre, tandis que les noirs vont pouvoir profiter d'une colonne c semi-ouverte pour activer leurs pièces.
La variante Najdorf
La Najdorf est l'une des siciliennes les plus populaires. Elle fut régulièrement jouée par les légendes Fischer et Kasparov, mais aussi par le champion français Maxime Vachier-Lagrave. Elle est caractérisée par les coups 1.e4 c5 2.Cf3 d6 3.d4 cxd4 4.Cxd4 Cf6 5.Cc3 a6. Le dernier coup des noirs préparent le contre-jeu à l'aile dame tout en restant flexible. Très théorique, cette ligne mène généralement à des positions complexes, dans lesquelles les possibilités tactiques sont nombreuses.
La variante Alapine
La variante Alapine survient après les coups 1.e4 c5 2.c3. Le deuxième coup des blancs vise à préparer la poussée d4 pour contrôler l'intégralité du centre. En revanche, il prive le cavalier b1 de sa case développement naturelle. Une ligne excellente pour les joueurs voulant éviter la lourde théorie que l'on retrouve dans les autres variantes.
La variante du dragon
On parle de sicilienne dragon après les coups 1.e4 c5 2.Cf3 d6 3.d4 cxd4 4.Cxd4 Cf6 5.Cc3 g6. Les noirs vont mettre leur fou de cases noires en fianchetto pour attaquer le centre et l'aile dame. Il s'agit de l'une des variantes les plus agressives. Dans la plupart des lignes critiques, les noirs font petit roque et les blancs grand roque, et les deux joueurs lancent ensuite leurs attaques à toute vitesse sur des ailes opposées.
La variante française
La variante française de la défense sicilienne s'obtient après les coups 1.e4 c5 2.Cf3 e6. Les noirs choisissent cette option flexible pour éviter les lignes les plus tactiques. A partir de là, on va retrouver plusieurs grandes variantes, parmi lesquelles figurent la Taimanov, la Scheveningue, la quatre cavaliers et la Paulsen.
Historique
La défense sicilienne est l'une des plus anciennes ouvertures des échecs. Le maître italien Polerio la mentionne dès 1594, et elle est plus tard analysée par d'autres grands noms des échecs transalpins. Mais c'est surtout en 1834, lorsque s'affrontent les deux meilleurs joueurs du monde Louis-Charles de La Bourdonnais et Alexander McDonnell, que la sicilienne va gagner ses lettres de noblesse.
Après une traversée du désert de plus d'un siècle, l'ouverture va à nouveau accéder aux sommets au milieu du XXème siècle sous l'influence des grands maîtres Alexander Kotov, Bent Larsen, Mark Taimanov et Mikhail Tal. Plus tard, les champions du monde Fischer et Kasparov en feront leur arme principale contre 1.e4, jusqu'à ce qu'elle devienne aujourd'hui la principale réponse au coup d'ouverture le plus populaire.