GM Viktor Korchnoi
Bio
Viktor Kortchnoï (1931-2016) était un grand-maître soviétique puis suisse ayant évolué au plus haut niveau mondial et récolté presque tous les honneurs du monde échiquéen pendant près de 70 ans, de 1945 à 2015. Cependant, il n'obtint jamais le titre suprême, celui de champion du monde. Dix fois qualifié au Tournoi des Candidats entre 1962 et 1991, il le remportera deux fois, mais sans jamais franchir l'ultime étape.
Kortchnoï fut également quatre fois champion d'Union Soviétique et cinq fois champion de Suisse, remportant son dernier titre national en 2011, à l'âge de 80 ans.
- Jeunesse et début de carrière
- Titre de grand-maître
- Tournois des Candidats 1962
- Multiples présences au Tournoi des Candidats
- Défection
- Championnat du monde 1978
- Championnat du monde 1981
- Toujours présent aux Candidats
- Un redoutable vétéran
- Héritage
Jeunesse et début de carrière
Le jeune Viktor apprend les échecs à l'âge de cinq ans avec son père, Lev. Ce dernier ne survivra pas au siège de Léningrad, et disparait alors que son fils n'a que dix ans. Le jeune homme survit et, après la guerre, participe en 1946 aux championnats soviétiques junior. Parmi ses adversaires, on retrouve le futur champion du monde Tigran Petrossian. Alors âgé de quinze ans, Viktor perd contre son ainé de deux ans. L'année suivante, en revanche, il remporte le titre tant convoité de champion d'URSS junior.
Il obtient le titre de maître de l'Union Soviétique en 1950, puis celui de maître international en 1954, obtenant dans le même temps un diplôme de l'université d'état de Léningrad. Bien qu'il n'ait encore jamais remporté le championnat d'URSS, il fait alors déjà parti des principaux prétendants à la victoire.
Titre de grand-maître
Au milieu des années 50, Kortchnoï remporte ses premiers succès internationaux, ce qui lui permet d'obtenir le titre de grand-maître en 1956. Il remporte notamment le tournoi de Bucarest en 1954, et finit premier ex-aequo à Hastings en 1956. Sur ses terres, en 1955, il domine également le tournoi de Léningrad, avec un score de 17/19. Mais à cette époque, il peine à obtenir de bons résultats de manière régulière.
Tout cela change en 1960, année où il remporte son premier titre de champion soviétique avec un score de 14/19 (12 victoires, 4 nulles et 3 défaites). Il termine avec un demi-point d'avance sur Petrossian et Efim Geller.
Retrouvez ci-dessous sa victoire décisive face à Geller. Après avoir choisi la rare défense Alekhine, il voit son adversaire lancer la mêlée tactique par 13.d5?! Lorsque la poussière retombe, Viktor a obtenu une attaque sur l'aile roi blanche, tandis que Geller bénéficie d'un fort pion passé en e7. L'ukrainien, contraint de donner sa dame pour ne pas se faire mater, abandonnera au 35ème coup.
Il finira second en 1961, avant de remporter à nouveau le titre en 1962, encore une fois avec 14/19 et un demi-point sur deux adversaires de grand standing. (Les GMI Mikhail Tal et Mark Taimanov). Cette fois, c'est Tal qui a été victime du jeune russe.
Voici donc sa partie contre le magicien de Riga. Dans une Benoni plutôt standard, la position devient très stratégique. Tal va se précipiter sur l'aile dame en jouant trop tôt 18...b5. Kortchnoï réplique au centre par 19.e5! Quatre coups plus tard, il a obtenu un puissant pion passé protégé en d6, ainsi que la paire de fous. La position finale est très esthétique : les blancs peuvent faire dame, mais les pions passés connectés blancs sont sur la septième, et le mat est imparable.
Avec deux victoires et une seconde place en trois éditions consécutives, Kortchnoï s'impose comme l'un des plus forts joueurs soviétiques de l'époque.
Tournoi des Candidats 1962
Viktor joue son premier tournoi des candidats en 1962 à Curaçao. Le vainqueur obtient le droit d'affronter en match le champion du monde Mikhail Botvinnik. Kortchnoï s'est qualifié un peu plus tôt dans l'année lors du tournoi interzonal de Stockholm, où il a réalisé un score de 14/22.
Aux Candidats, il réalise un score de 13,5/27 et doit se contenter de la cinquième place sur huit. Petrossian, vainqueur avec quatre points de plus, battra ensuite Botvinnik et accédera au titre suprême.
Après un excellent départ, Viktor a pourtant mené, mais une série de cinq défaites de suite en milieu de tournoi l'a repoussé dans les tréfonds du classement. Il délivre malgré tout quelques véritables morceaux de bravoure, comme contre le prodige américain Bobby Fischer.
Dans cette partie, Fischer choisit l'agressive attaque autrichienne contre la Pirc de Kortchnoï. Il joue le risqué 13.g4, mais voit son rival s'emparer du pion à tempo ! Une fois l'avantage matériel obtenu, le russe ne relâchera jamais la pression et punira le jeune américain.
Le tournoi sera entaché par un scandale de collusion, les trois premiers ayant probablement convenu d'annuler leurs parties sans combattre. Bien que jamais confirmés, ces soupçons vont amener les organisateurs à modifier la structure du tournoi. Fischer, quatrième, déclarera peu après dans un article de "Sports Illustrated" que Kortchnoï avait délibérément perdu certaines parties contre des compatriotes. Il est cependant difficile d'imaginer une personnalité telle que Viktor Kortchnoï accepter de perdre sur commande, et lui-même n'a jamais suggéré que le management soviétique lui ait demandé pareille chose.
Multiples présences au Tournoi des Candidats
Kortchnoï domine le championnat d'URSS 1964-65, ne perdant aucune de ses 19 parties, et terminant avec deux points d'avance sur David Bronstein. Il va d'ailleurs battre le GMI ukrainien dans une finale de pièces lourdes classique. Dans une variante d'échange plutôt calme de la partie espagnole, les pièces mineures s'échangent rapidement. Viktor va alors mettre la pression sur le pion e5 des noirs, jusqu'à ce que son adversaire se sente obligé de rompre la tension par exf4. Quelques coups plus tard, sa dame est perdue, et l'abandon est inéluctable.
Pourtant, Kortchnoï ne va pas même pas se qualifier pour l'interzonal 1965, et rate par conséquent le Tournoi des Candidats. Ce sera la dernière fois qu'il tentera d'accéder aux Candidats sans y parvenir.
Kortchnoï commence le cycle suivant sur les chapeaux de roues, terminant deuxième de l'interzonal 1967 en Tunisie pour se qualifier pour la seconde fois pour les Candidats. La nouvelle structure à élimination directe semble mieux lui réussir : il triomphe de Samuel Reshevsky en quarts de finale puis de Tal en demies. En finale, il bute toutefois sur le vainqueur de l'édition précédente, Boris Spassky, et doit s'incliner.
Voici sa victoire contre Tal. Dans l'espagnole, le letton obtient un léger avantage jusqu'à ce qu'il joue le coup 23.b3, laissant son adversaire jouer 23...Cc3!. Après le coup 30...e3, la position blanche devient très difficile. Toutes les pièces de Kortchnoï vont alors s'activer, et Tal abandonnera six coups tard.
Lors du cycle 1972, remporté par Bobby Fischer, Kortchnoï évite l'américain qui, de son côté, bat successivement Bent Larsen et Taimanov 6-0. Viktor vient à bout de Geller, mais est stoppé par Petrossian en demi-finale.
En 1970, notre héros remporte son quatrième et dernier titre de champion d'URSS. Sans doute pas le plus important, les principales têtes d'affiche (Tal, Petrossian et Spassky) ne jouant pas. Il devance d'un point et demi Vladimir Tukmakov, tandis qu'un jeune GMI de 19 ans termine à la cinquième place...
Ce jeune homme, c'est Karpov, dont voici la partie contre Kortchnoï lors de ce tournoi. Après le coup 13.Tfd1, il apparait évident que Viktor a dominé l'ouverture : il jouit d'un avantage de développement et ses pièces sont nettement plus actives. Karpov va toutefois se battre et égaliser vers le 23ème coup. Après un âpre combat positionnel, le jeune loup manque un sacrifice de qualité au 40ème coup. Kortchnoï va alors faire montre d'une technique extraordinaire pour annihiler tous les espoirs du futur champion du monde.
Le cycle 1975 permet à Kortchnoï d'atteindre la finale du Tournoi des Candidats pour la seconde fois. Il a commencé sa quête en remportant au départage l'interzonal 1973 à Léningrad devant un certain Anatoly Karpov. Alors que Viktor se débarrasse du GMI brésilien Henrique Mecking puis de Petrossian, Karpov élimine Lev Polougaïevsky et Spassky. L'affrontement entre les deux hommes aura lieu à Moscou.
Cette finale est parsemée de nombreuses nulles, les joueurs se séparant sur un score de parité lors de quinze des dix-huit premières parties. Hélas pour Viktor, les trois autres sont des défaites. Il va toutefois combler une partie de son retard, revenant à un point avec des victoires aux 19ème et 21ème parties (la seconde en 19 coups seulement), mais sans jamais parvenir à revenir au score. Voici la célèbre partie 21, dans laquelle Karpov s'effondre rapidement. Après 13.Cxh7!, la position noire devient intenable.
Fischer ne défendra pas son titre contre Karpov. On ne saura jamais si, contre Kortchnoï, il aurait pris la même décision...
Rétrospectivement, cette finale des Candidats apparait comme la meilleure chance de Kortchnoï de devenir champion du monde. Mais ce ne sera pas la dernière. Cependant, les ennuis qui vont l'occuper pendant les années à suivre seront bien loin de l'échiquier…
Défection
Viktor n'est alors pas le joueur favori de l'establishment politique soviétique. En outre, il ne s'entend pas avec plusieurs joueurs de haut niveau, tels que les ex-champions du monde Petrossian et Spassky. Après sa victoire au tournoi d'Amsterdam 1976, il ne rentre pas au pays. Une attitude opposée à celle de Karpov, partisan du régime, et qui va créer de vives tensions lors de leur affrontements futurs.
Kortchnoï révélera en 2009 au quotidien britannique The Independent que, s'il était passé à l'ouest, "C'était pour les échecs, pas pour la politique. Je voulais être libre. La liberté, c'est ma position essentielle."
Il reste apatride pendant quelques années, ne devenant citoyen suisse qu'à partir de 1980. Pendant ce temps, sa femme et son fils, restés en URSS, ne sont pas autorisés à quitter le pays. (Ils parviendront à tromper la vigilance gouvernementale et à le rejoindre en 1982). Mais face à l'adversité, Viktor se réfugie plus que jamais dans les échecs…
Championnat du monde 1978
Malgré le tumulte de son passage à l'ouest, Kortchnoï ne s'est jamais tant rapproché de titre de champion du monde que lors du cycle 1976-78. En tant que finaliste du Tournoi des Candidats 1974, il obtient une place directe dans le tableau des Candidats 1977. (En outre, même si cela fut moins médiatisé qu'en 1975, Fischer bénéficiait également d'une place que, sans surprise, il refusa.)
Encore une fois, Viktor vient à bout de Petrossian, cette fois en quarts de finale. Il bat ensuite Polougaïevsky pour atteindre la finale qui l'oppose à Spassky, comme neuf ans auparavant. Cette fois, il va disposer de son rival sur le score de 10,5 à 7,5, résistant à la remontada de Spassky, vainqueur des parties 11 à 14. Encore une fois, il atteint la dernière marche, face à Karpov.
Voici une victoire de Kortchnoï face à Spassky lors de leur match de 1977. Dans une française Winaver, la position devient rapidement très tranchante. Les pièces légères s'échangent rapidement dans le milieu de jeu, menant à une finale de pièces lourdes. Au 22ème coup, Kortchnoï place une tour sur la seconde rangée, mais la position reste équilibrée. Mais au 36ème coup, Spassky va commettre l'imprécision de trop, et l'attaque de Kortchnoï devient inarrêtable.
Kortchnoï peut alors devenir le premier champion du monde apatride. Mais, comme en 1974, il sera un peu juste. Après une formule en 24 matchs en 1974, le championnat du monde 1977 sacrera cette fois le premier joueur à remporter six victoires.
Après sept nulles, Karpov remporte la huitième, mais Kortchnoï égalise dans la onzième. Hélas, comme en 74, il va rapidement prendre trois points de retard. A l'issue de la 17ème partie, Karpov n'a plus que deux parties à gagner pour défendre son titre avec succès. Sur les neuf parties suivantes, huit se terminent pas la nulle, et Kortchnoï en gagne une pour revenir à 4-2.
Karpov remporte la 27ème pour porter le score à 5-2, et c'est alors que Kortchnoï va passer la surmultipliée, remportant les parties 28, 29 et 31 pour revenir à 5 partout. Voici la 31ème partie du match, un gambit dame, variante d'échange, dans laquelle il fait des merveilles en finale avec la structure Carlsbad. L'attaque de minorité sur l'aile dame lui permet de mettre Karpov en difficulté, mais sans toutefois trouver l'ouverture. C'est son sacrifice de pion dans la finale de tour qui va faire la différence. Après 52.a6!, son roi s'active sur l'aile dame. Au 58ème coup, Karpov commet l'erreur fatale qui va précipiter la fin de cette partie particulièrement pédagogique :
La pression est alors maximale, mais le suspens ne va pas durer longtemps, Karpov remportant la 32ème partie et défendant son titre avec succès. Le championnat du monde 78 reste l'un des plus étranges de l'histoire, et pas uniquement de par la présence d'un joueur apatride. Le moment le plus étonnant survient lors de la deuxième partie, qui se terminera par une nulle sans histoire. Au milieu de la partie, on apporte à Karpov un yahourt, et l'équipe de Kortchnoï proteste, arguant qu'il pouvait s'agir d'un message caché de la part du staff soviétique. Les secondants de Viktor reconnaitront plus tard qu'il ne s'agissait que d'une boutade, mais cette anecdote à elle seule en dit long sur la tension dantesque de cette rencontre au sommet.
Championnat du monde 1981
Après une véritable démonstration lors des Candidats 1977 (26,5-17,5), Viktor est nettement plus en difficulté en 1980, avec un score de 17,5-13,5. Il se défait de Petrossian avec deux points d'écart en quarts de finale, puis élimine Lajos Portisch en demies pour atteindre sa troisième finale de suite. Cette fois, il est opposé au GMI ouest-allemand Robert Huebner. Ce dernier prend une légère avance, mais perd la septième partie de manière spectaculaire, avant de perdre la huitième et d'abandonner le match sans autre forme de procès. Une victoire à la saveur étrange, mais l'essentiel est là : Kortchnoï est à nouveau candidat au titre mondial.
Karpov remporte trois des quatre premières parties, prenant un avantage déterminant. Kortchnoï va rebondir dans la sixième, perdre à nouveau dans la neuvième, gagner la 13ème, et perdre à nouveau dans la 14ème. Dès la 18ème partie, Karpov remporte sa sixième victoire, mettant un terme au match 14 parties plus tôt qu'en 1978.
Toujours présent aux Candidats
Malgré de beaux succès lors des quatre cycles qui vont suivre, Kortchnoï ne rejouera jamais le championnat du monde. Au Tournoi des Candidats 1983, son cinquième en tout et quatrième de suite, il tombe en demi-finale face au futur champion du monde Garry Kasparov. Le match, initialement prévu à Pasadena, Californie, faillit ne pas avoir lieu pour d'obscures motifs politiques. Kortchnoï acceptera toutefois de jouer à Londres. Face à l'ogre de Bakou, il ne fera pas illusion longtemps, mais remportera tout de même sa seule victoire en carrière contre la future légende.
Dans cette partie, il opte pour la peu orthodoxe défense ouest-indienne avec double fianchetto, puis sacrifie un pion au 14ème coup, rapidement rendu par Garry. Après l'échange des dames au 25ème coup, la finale semble égale, mais Viktor pousse et se permet le luxe de dominer son adversaire. Il gagne un pion au 35ème coup, puis utilise son pion passé éloigné pour attirer le roi de Kasparov sur l'aile dame. Ses pions passés connectés centraux vont ensuite faire la décision.
En 1991, Kortchnoï atteint les quarts de finale du Tournoi des Candidats à l'âge canonique de 60 ans. Lors de la scission FIDE-PCA, il ne jouera pour aucune association jusqu'au championnat du monde FIDE 2002, où il s'inclinera dès le premier tour.
Un redoutable vétéran
Pourtant, la carrière de Viktor est loin d'être terminée. Après avoir remporté trois championnats de Suisse dans les années 80 (1982, 1984 et 1987), il en remporte deux autres plus de vingt ans plus tard (2009 et 2011). Ses deux derniers sacres, il les obtient à 78 et 80 ans, un âge auquel la plupart des joueurs de haut niveau ont pris leur retraite depuis des décennies.
Kortchnoï remporte également le championnat du monde vétéran en 2006. Il a alors 75 ans, et face à des adversaires parfois de quinze ses cadets, il démontre que ses compétences échiquéennes demeurent intactes. Il remporte 7 victoires en 11 parties sans subir la moindre défaite.
En 2011, l'année de ses 80 ans, et outre sa victoire au championnat de Suisse, il joue l'open de Gibraltar (+3 -1 =6), le tournoi vétéran du mémorial Botvinnik (+5 -0 =4), la Coupe d'Europe des clubs (+3 -1 =3) et le championnat d'Europe par équipes (sa seule performance négative, avec +1 -2 =5). L'octogénaire est alors plus actif en compétition que la majorité des joueurs de quarante ans !
C'est au cours des années 2010 que la santé de Viktor va se dégrader. Il nous quittera en juin 2016, honoré par l'ensemble du monde échiquéen, notamment par Chess.com, Kasparov, Serper, ou encore les média russe.
Héritage :
S'il n'est jamais devenu champion du monde, Viktor Kortchnoï a un score positif contre quatre d'entre eux (Tal, Petrossian et Spassky à leur top, et Magnus Carlsen à l'issue de leur unique rencontre, en 2004) et égal contre deux autres (Botvinnik et Fischer). Il est le seul joueur sans couronne à avoir pu s'enorgueillir d'un tel palmarès.
Son stylé échiquéen était indéfinissable. Il a su gagner contre les attaques de Tal, la prophylaxie de Petrossian, et le style universel de Spassky. C'était un véritable combattant, réalisant beaucoup moins de nulles que la plupart des grands-maîtres de son époque. Un "fighting spirit" que l'on retrouve également dans la manière dont il a vécu sa vie.
Bien que la précocité dans les échecs soit aujourd'hui la norme, même pour son époque, il a mis longtemps à éclore au plus haut niveau. Il n'a pas joué le Tournoi des Candidats avant 1962, à l'âge de 29 ans. Un tournoi remporté en 1950 par Bronstein à 26 ans et en 1960 par Tal à 23. Mais le chemin de vie de Viktor Lvovitch n'était pas le même…
Et s'il n'a pu s'imposer dans vingtaine, il a largement compensé lors des décennies suivantes. Au cours de sa carrière longue de 70 ans, il a été admiré, mais aussi craint pour sa personnalité acariâtre. Véritable géant des échecs, il a su dépasser ce cadre, allant jusqu'à prendre de grands risques en passant à l'ouest en pleine guerre froide.
Bien que cette expression soit souvent galvaudée, elle s'applique sans doute mieux à Viktor Kortchnoï qu'à n'importe qui d'autre : Aux échecs, il fut le véritable "champion sans couronne".