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Grand Prix FIDE - R1 : Retour à Berlin
La victoire d'Aronian lui vaut les honneurs de la partie du jour. Photo : World Chess.

Grand Prix FIDE - R1 : Retour à Berlin

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La première ronde du troisième et dernier Grand Prix FIDE de l'année a vu quatre parties décisives. Chaque poule possède désormais un leader unique, respectivement Levon AronianLeinier Dominguez PerezAlexandr Predke, et Nikita Vitiugov.

La deuxième ronde se jouera mercredi 23 mars, à partir de 15 heures, heure de Paris.

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Cette ultime étape du GP FIDE, qui décidera des deux (ou trois ?) derniers qualifiés pour le Tournoi des Candidats de Madrid, a commencé sur les chapeaux de roues, avec de beaux combats un peu partout.

Chaque poule avait sa partie décisive. Dans le groupe A, c'est Aronian qui prenait la tête des opérations en dominant Hikaru Nakamura, tandis que Dominguez battait Daniil Dubov au terme d'une partie fascinante. Predke est le leader surprise de la poule C après une victoire expéditive face au malheureux Maxime Vachier-Lagrave, tandis que Vitugov s'offre la tête du groupe D après une longue finale joliment convertie aux dépens d'Amin Tabatabaei.


Poule A

Deux longues parties dans cette poule A : l'une technique et finalement égale, l'autre ultra-tendue et décisive. Au final, un seul leader : Levon Aronian.

Dans ce "groupe de la mort" qui ne dit pas son nom, on devait retrouver trois des quatre finalistes des GP précédents : Nakamura et Aronian, finalistes ici-même il y a un mois et demi, et le second à Belgrade, Dmitry Andreikin. Ce dernier s'étant retiré du tournoi avant même le départ pour des raisons personnelles, il est remplacé par le jeune Andrei Esipenko, qui avait été tout proche d'éliminer Nakamura lors de la première étape, et qui pourrait donc se montrer particulièrement menaçant pour les favoris.

Esipenko remplace Andreikin au pied levé. Photo : World Chess.

Le clou du jour était l'affrontement entre les deux gros bras de l'équipe US, qui avaient le plaisir de se rencontrer dès la première ronde. Il était d'emblée clair que les deux hommes étaient venus armés jusqu'aux dents. Nakamura choisissait d'accepter le gambit dame de son adversaire. Une variante qu'il n'avait pas utilisé depuis 2015, mais que Domniguez avait déjà joué contre Aronian et demi-finale de la première étape. Les joueurs blitzaient jusqu'au 13ème coup, moment que choisissait Aronian pour varier avec 14.Dd2, un coup objectivement moins bon que le 14.f3 joué contre le cubain, mais suffisant pour sortir Nakamura de sa préparation.

Les noirs semblaient malgré tout conserver de belles chances d'égalisation. Mais dans une ligne aussi tendue, la moindre imprécision peut changer radicalement l'évaluation, et c'est exactement ce qui allait se passer. Quelques coups en dessous de la moyenne, et les noirs étaient bientôt au bord du précipice. Au 24ème, Levon n'avait même pas utilisé dix minutes de son temps, tandis qu'Hikaru se débattait avec douze minutes à la pendule et une position qui semblait impossible à sauver.

L'américano-nippon se montrait malgré tout plus combattif que jamais, forçant son adversaire à rentrer dans une finale tour contre cavalier+fou. L'ex-arménien devait faire étalage de toute sa technique pour convertir l'avantage. Une bataille impressionnante que Dejan Bojkov a analysé plus en détails pour vous :

Chess.com game of the day dejan bojkov

La partie du jour, analysée par le GMI Dejan Bojkov

Aronian, seul leader de sa poule après la première journée. Photo : World Chess.

Le clash 100% russe opposait Andrei Esipenko (avec les pièces blanches) à Grigoriy Oparin. Le premier cité optait pour la catalane et obtenait un avantage de façade, mais rien de concret n'émergeait sur l'échiquier. Opiniâtre, Esipenko tentait malgré tout le forcing dans une finale paire de fous contre fou-cavalier avec quatre pions de chaque côté. Le benjamin du groupe finissait toutefois par se résigner, la nulle étant de toute évidence la seule issue viable.

Les russes ont terminé leur confrontation pacifiquement. Photo : World Chess.

Poule B

Ce groupe fascinant est sans doute mon préféré de part la diversité en âge, style de jeu et culture des forces en présence. Là encore, une seule victoire : celle, très importante, de Dominguez avec les noirs contre Dubov.

Lors de la première étape, le cubano-américain s'était hissé jusqu'en demi-finales, et reste donc plus que jamais dans la course pour la dernière place aux Candidats, en particulier depuis que la place de Sergey Karjakin est devenue vacante.

Il affrontait Daniil Dubov avec les pièces noirs, et choisissait la variante Karpov de la défense nimzo-indienne. Une ligne analysée en profondeur depuis longtemps, mais en y mettant un peu du leur, les deux hommes parvenaient bientôt en territoire vierge. Le russe jouait vite, trop vite, et laissait son adversaire prendre le contrôle de la partie. Envoyant un dernier baroud d'honneur sur le zeitnot adverse, le jeune loup était récompensé, Leinier ne trouvant pas la meilleure suite. Ce dernier parvenait malgré tout à remettre ses pièces dans le sens de la marche, et profitait de nouvelles erreurs du russe pour reprendre l'avantage, qu'il reperdait à nouveau brutalement à la fin du zeitnot.

Dominguez est le premier vainqueur de son groupe. Photo : World Chess.

Mais ce qui Caïssa donne, Caïssa reprend. Comme le disait Tartakover : "Aux échecs, le vainqueur est celui qui fait l'avant-dernière erreur." Dubov se trompait à nouveau, jouant trop vite malgré une grosse heure à la pendule, et laissait Dominguez entrer dans une finale de tours qu'il convertissait avec une technique implacable.

Dans la seconde partie, le GMI Vincent Keymer, qui passait l'équivalent allemand du bac la semaine dernière, affrontait Shakhriyar Mamedyarov avec les pièces blanches. Le jeune teuton choisissait une variante de l'anglaise qu'il a déjà joué à de nombreuses reprises, pas une surprise pour son expérimenté adversaire, qui jouait une nouveauté dès le neuvième coup. Il égalisait sur le champ, et les joueurs entamaient bientôt une série d'échanges qui les menait dans une finale de fous légèrement préférable pour les blancs. L'azéri, solide sur ses appuis, tenait la nulle sans difficulté apparente.

Poule C

Le seul vainqueur de la poule C est une surprise : Alexander Predke.

Si le groupe A est "la poule de la mort", le groupe C s'apparente plutôt à "la villa des cœurs brisés". Trois des joueurs qui le composent ont en effet subi d'importants revers au cours des étapes précédentes. A Belgrade, MVL était éliminé par Richard Rapport après être passé tout près de l'égalisation lors de la seconde partie de leur demi-finale. Quant à Sam Shankland, il était éliminé au stade des poules lorsqu'Andreikin sortait une fin de partie magique et remportait une position perdante contre Etienne Bacrot lors de la dernière ronde. Enfin, Wesley So, qui dominait la phase de poule à Berlin, était rattrapé in-extremis par Dominguez, qui l'éliminait le lendemain en départages.

Comme dans la poule A, les deux américains s'affrontaient dès la première ronde, Shankland conduisant les pièces blanches. Dans une nimzo-indienne avec 4.Dc2, une ligne qu'il avait déjà joué à Belgrade, la position se tendait rapidement. Pourtant, des échanges massifs réduisait bientôt les forces en présence à dame-tour et six pions de chaque côté. La structure symétrique semblait garantir la nulle, mais le californien contrôlait la colonne d, et comptait bien profiter de ce léger avantage.

So défendait avec précision, sacrifiant un pion pour échanger les dames et entrer dans une finale de tours connues pour être égale. Malgré tous les efforts de son adversaire, il tenait facilement la nulle.

Coup de tonnerre sur l'échiquier suivant, ou Alexander Predke choisissait la partie anglaise contre le ministre. Un choix sans doute inspiré par la passion de Maxime pour la Grünfeld, et les difficultés qu'il rencontre fréquemment dans les lignes qui évitent cette défense.

Le GMI français optait pour la défense symétrique des quatre cavaliers, une ouverture qui peut sembler plate, mais qui recèle en réalité une extraordinaire complexité. Une complexité qui se faisait jour lorsque les deux hommes roquaient chacun de leur côté...

Predke, vainqueur-surprise du jour aux dépens de Maxime. Photo : World Chess.

Les blancs jouaient le très beau 15.g4! impressionnant notre commentateur maison Robert Hess. La position noire devenait alors très compliquée à tenir. Très vite, les blancs ouvraient l'aile roi avec h4, avant que les noirs aient pu développer leur aile dame. Sous pression, Maxime commettait plusieurs erreurs, et le russe remportait bientôt une superbe miniature. Un début de tournoi catastrophique pour notre MVL national.

Poule D

Si l'on nous avait demandé de pronostiquer le vainqueur du jour dans la poule D à mi-parcours, nous n'aurions sûrement pas donné Nikita Vitiugov. Et pourtant...

A haut niveau, il est de notoriété publique qu'il vaut mieux éviter de jouer la même ouverture plusieurs fois de suite. Pourtant, Yu Yangyi ne semble pas avoir reçu l'information ! Comme à Belgrade, il jouait la défense russe avec 4...Cc6 qu'il avait employé contre MVL et Predke (deux nulles). Anish Giri n'avait joué contre cette variante qu'une seule fois auparavant, dans une partie en ligne contre Aronian, mais il serait extrêmement naïf de penser qu'il ne l'avait pas préparée en profondeur.

Anish Giri : fort en prépa, fragile au moment de convertir. Photo : World Chess.

Il proposait d'ailleurs la première nouveauté au douzième coup, en dévoilant une nouvelle idée intéressante dans la ligne déjà jouée par Yu face à Predke. Le hollandais obtenait l'initiative, et quelques imprécisions noires lui permettaient de faire grandir son avantage. Il semblait bientôt évident qu'il allait remporter cette partie.

Las ! Jouer avec précision requiert beaucoup de temps... Avec deux minutes à la pendule et quinze coups à jouer, les erreurs commençaient à affluer et son avantage fondait comme neige au soleil. Lorsque les deux joueurs s'accordaient à signer la nulle, au 32ème coup, il semblait même que les noirs étaient désormais mieux. Sage, le chinois décidait néanmoins de se contenter d'une nulle presque inespérée.


Dans la dernière partie du jour, le champion de Russie en titre Vitiugov avait l'avantage du trait face au jeune iranien Amin Tabatabaei, que l'on a vu combattif et plein de ressources à Belgrade. Ce dernier choisissait comme il y a deux semaines la variante ouverte de la partie espagnole.

Mais Nikita semblait particulièrement bien préparé, déviant des lignes qu'il avait employé précédemment, et obtenant un léger avantage qu'il faisait grandir patiemment. Une seule petite erreur au 30ème coup, sans conséquence, et il convertissait bientôt une finale de tours gagnante avec autorité. Convaincant sur le fond comme sur la forme.

Vitiugov, la terreur de Saint-Pétersbourg. Photo : World Chess.

Résultats

Toutes les parties de la ronde 1


Le Grand Prix FIDE de Berlin est la dernière étape du circuit 2022. Il se déroule du 22 mars au 4 avril. Les parties commencent chaque jour à 15 heures, heure de Paris.


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